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jeudi 21 mars 2013

M. Hollande a toujours une solution : la dissolution

M. Hollande a toujours une solution : la dissolution


François Hollande va-t-il s'en sortir ? Dix mois après son arrivée à l'Élysée, son quinquennat est entré dans une phase compliquée. Au moment où il lui faut prendre des mesures difficiles et alors que son impopularité atteint des sommets, sa majorité se lézarde lentement mais sûrement.
La France est un pays monarchique qui, depuis qu'il a décapité Louis XVI, procède régulièrement à des décollations symboliques. Elles peuvent durer plusieurs années, c'est même une sorte de sport national. Dans le cas de M. Hollande, la crise aidant, le travail d'étêtement a commencé beaucoup plus tôt que d'habitude. Y compris dans son propre camp, où la gauche socialiste fait entendre, depuis peu, le cliquetis des couteaux qu'on aiguise.
À croire que le chef de l'État n'est pas majoritaire chez les siens. De ce point de vue, l'appel de 100 parlementaires socialistes pour une "nouvelle démocratie sociale" est sans doute l'un des grands événements politiques de ces dernières semaines. Se prononçant pour le projet de réforme du contrat de travail, conclu par les partenaires sociaux, CGT et FO mises à part, ils affichent leurs convictions sociales-démocrates et célèbrent la naissance d'un "nouveau modèle". Logique.
Ce qui est stupéfiant, c'est que ce texte de soutien au président a été signé par un tiers seulement des élus qui, aux dernières législatives, se sont fait élire dans la foulée de M. Hollande. Un tiers, on ne peut pas faire moins. Si les chiffres ont un sens, c'est donc la mort dans l'âme, en se faisant violence, que le PS se ralliera, le jour venu, à la "flexi-sécurité".
La preuve est faite que la gauche française est, sinon la plus bête du monde, du moins l'une des moins réalistes. En témoignent quelques symptômes navrants comme le culte de Chavez exalté à ses obsèques, au nom de la France, par un ministre de la République, dont l'Histoire aura tôt fait d'oublier le nom. Sans doute le réformisme est-il devenu l'idéologie dominante des socialistes, mais il ne s'agit encore, pour bien des cadres, que d'un réformisme honteux, sauf quand il est municipal et, alors, il peut faire des étincelles, comme à Lyon, chez M. Collomb, ou dans d'autres villes.
Le président a été élu sur un malentendu qu'il lui faut aujourd'hui purger. François Mitterrand aimait dire qu'on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment et, comme lui, M. Hollande a utilisé la tactique du râteau, un râteau très large, avec un discours attrape-tout qui devait séduire toutes les sensibilités de la gauche, voire du centre. Ce qu'il paie aujourd'hui, c'est de n'avoir pas dit la vérité, toute la vérité, sur l'état de la France et les mesures qui s'imposaient. Le pouvait-il ?
Si M. Hollande avait dit la vérité pendant la campagne présidentielle, il ne l'aurait sans doute pas emporté face à M. Sarkozy. Telle est la tragédie de la politique, du moins en Italie ou en France, où la vérité sur l'économie ne rassemble que 10 % des suffrages, derniers scores connus de MM. Monti et Bayrou. Ils n'ont pas obtenu la victoire mais l'estime générale ou presque, ce qui leur a fait une belle jambe. En politique, c'est une règle, en tout cas chez nous autres Latins, la lucidité n'est jamais cher payée dès lors qu'elle est affichée.
Ce que M. Hollande paie aussi, c'est de n'avoir pas rompu avec le bréviaire des Diafoirus du PSqui croyaient niaisement remplir les caisses vides de l'État grâce à un choc fiscal. Il aurait mieux fait de s'inspirer de son modèle présidentiel : "Trop d'impôt tue l'impôt" (Georges Pompidou). Les effets de la surfiscalité sont toujours les mêmes, elle asphyxie les initiatives et assomme les entrepreneurs sans rien rapporter, au contraire, car elle fait baisser l'activité.
Il n'y a pas de meilleure façon de précipiter un pays dans ce mélange de dépression et de récession où glisse désormais la France. Comme nous l'avons déjà écrit, c'est le syndrome Wilson, du nom de l'ancien Premier ministre travailliste de Grande-Bretagne, qui a coulé son pays, dans les années 60, en l'accablant d'impôts.
"Faire payer les riches" est un slogan électoral, pas une politique. Un homme d'État digne de ce nom doit expliquer qu'il n'y a pas de trésors cachés ni de remèdes miracles, telle une sortie de l'euro, qui exempteraient la France de la cure qu'elle doit s'infliger si elle veut renouer avec la croissance. Une cure d'assainissement comme celle qui a si bien réussi, dans le passé, à des pays comme l'Allemagne, le Canada ou la Suède.
Même si le fond de l'air est funèbre, ces jours-ci, il serait stupide d'enterrer le président. S'il vérifie, dans les prochains mois, qu'il n'a pas la majorité de sa politique, il a toujours une solution : la dissolution de l'Assemblée nationale. Elle ramènerait sans doute une majorité de droite à l'Assemblée, condamnant du coup l'UMP à aller au charbon, mais elle pourrait assurer la réélection de M. Hollande à l'élection présidentielle de 2017.
La politique est un manège plus ou moins emballé où l'on tombe des chevaux de bois avant de remonter dessus. Mais, entre chaque élection présidentielle, c'est le chef de l'État qui, seul, a l'accès au bouton qui le fait tourner...

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