TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 19 mars 2013

La victoire du désenchantement

Il n'y a pas de vainqueurs dans l'élection d'hier. Hollande est sans majorité, le FN revient, l'UMP ne règle pas ses problèmes et l'abstention triomphe. 
Les résultats du premier tour de l'élection législative partielle de la 2e circonscription de l'Oise n'ont qu'une valeur relative. Ils n'en ont pas moins une signification politique. Gageons que toutes les familles en ont déjà tiré les leçons à quelques mois des municipales. Ils ne sont pas surprenants. On se doutait bien qu'ils seraient désastreux pour le PS, dont la candidate a obtenu 21,37 % des suffrages contre 30,5 % l'an dernier, soit un déficit de neuf points. Ce score, inférieur à 12,5 % des inscrits et rapporté à un taux d'abstention de 67,21 %, lui interdit de figurer dimanche prochain au second tour. Que cette claque soit une sanction contre la politique de Hollande et du gouvernement socialiste, cela relève de l'évidence. Ne revenons pas là-dessus, assez de sondages, d'enquêtes et d'analyses expliquent et confirment depuis des mois les raisons de la profonde déception, le mot est faible, de l'électorat de gauche vis-à-vis de ses gouvernants. Ce que Christian Jacob, patron des députés UMP, appelle un "effondrement". Ou bien encore une "pente dangereuse", comme disait hier François Bayrou, qui l'avait prévu mais qui paradoxalement n'avait rien fait, bien au contraire, pour que la France y échappe.

François Hollande paie ses louvoiements

Autre évidence : ce résultat laisse augurer de lourds revers dans le camp socialiste aux prochaines municipales. Seule une correction de sa politique pourrait permettre à François Hollande d'éviter cette perspective. Dans quelle direction, cette correction ? À gauche, inévitablement, tant il est vrai que ses électeurs de mai dernier qui le désavouent aujourd'hui sont ceux qui lui font procès de son engagement social démocrate. Ils attendaient naïvement de lui qu'il remplisse les promesses démagogiques qu'il leur avait faites. Il paie aujourd'hui ses louvoiements. On imagine mal, dans le contexte économique désastreux où se débat la France, qu'il puisse réviser la politique qu'il a mise en place, sauf à se trahir de nouveau, dans le seul objectif de limiter les dégâts électoraux. Les municipales s'annoncent donc pour les socialistes sous les plus mauvais auspices.
Que plus des deux tiers des électeurs de l'Oise se soient abstenus hier est un autre sujet de préoccupation, qui intéresse cette fois non seulement la gauche mais aussi la droite. Cette défiance vis-à-vis de la politique en dit long sur l'état de l'opinion. Certes, il ne s'agissait que d'un premier tour. Mais la situation actuelle de notre pays et l'inquiétude qu'elle provoque légitimement parmi le peuple, lui-même lourdement atteint dans ses conditions de vie, pouvaient laisser espérer un regain d'intérêt pour une consultation électorale. Cela n'a pas été le cas, s'agissant de l'électorat de droite, dont l'indifférence a montré le peu de crédit qu'il porte à l'expression de son vote, le peu d'espoir qu'il y met. L'UMP ferait bien d'y réfléchir.

La seule force du gouvernement d'aujourd'hui est dans la faiblesse de la droite

Car c'est pour une grande part le spectacle qu'elle donne d'elle-même depuis des mois qui est ici en cause. La politique menée par Hollande lui a ouvert un boulevard qu'elle n'a pas emprunté. Elle n'a même pas été capable d'offrir à son électorat une lecture critique attentive des faits et méfaits commis jour après jour par un gouvernement médiocre. Pas capable de se défendre des procès injustes que la majorité actuelle continue d'instruire contre la majorité d'hier. Pas capable d'attaquer avec efficacité l'adversaire. Ni de construire l'avenir. Paralysée par les divisions et les ambitions de ses dirigeants, elle a renoncé à remplir le rôle d'opposition qui lui incombe. La seule force du gouvernement d'aujourd'hui est dans la faiblesse de la droite.
Le Front national bénéficiera fatalement de cette incurie. Il n'en a que peu profité hier dans l'Oise (il n'a gagné qu'environ trois points par rapport à juin dernier). Mais sur un plan national, il risque de tirer avantage de ces face-à-face qui vont l'amener à affronter les candidats de la droite, comme dimanche prochain dans l'Oise. Car s'annonce une répétition de cette comédie électorale qui depuis 30 ans délite la politique française, comédie ponctuée de mauvais procès, de chantages, de mensonges et d'alliances contre nature. Il faudra bien qu'un jour sonne l'heure de la vérité, où chacun devra dire qui il est exactement, où il se situe par rapport aux valeurs et aux critères essentiels qui fondent la démocratie. Faute de quoi la France s'enfoncera encore un peu plus dans le brouillard de sa médiocrité politique. 

0 commentaires: