mercredi 6 mars 2013
Inflexibles
Inflexibles
François Hollande et le gouvernement auraient, sans nul doute, aimé célébrer sans réserve une victoire inédite sinon « historique » de la « démocratie sociale » à mettre au crédit de la gauche au pouvoir. Longtemps estimé improbable, l'accord sur l'emploi, scellé le 11 janvier dernier entre le patronat et trois syndicats, justifiait pleinement ce sentiment d'autosatisfaction. Pourquoi a-t-il fallu que la CGT, FO, la FSU et Solidaires, avec le soutien du Front de gauche et de quelques députés socialistes, viennent troubler la fête, à la veille de la présentation du projet de loi en Conseil des ministres ? Hier, avec les 170 manifestations organisées à travers la France, ce sont des slogans cinglants qui ont résonné aux oreilles du pouvoir.
Malgré une mobilisation hésitante, les participants ont vilipendé un accord « scélérat », « minoritaire », « made in Medef » et dénoncé la « trahison » de « Auraullande » ! Il y a évidemment un paradoxe dans cette contestation par des votants de gauche d'un projet impulsé par un pouvoir socialiste.
À y regarder de plus près, il ne faut pas être surpris. L'accord sur la flexisécurité entérine définitivement le réalisme social-démocrate. Cet accord sur l'emploi prend valeur de symbole et marque la rupture entre syndicats réformistes (CFDT, CFTC, CFE-CGC) et syndicats… inflexibles voyant une compromission derrière tout compromis. Une autre fracture, politique celle-là, s'y ajoute. Les députés de la gauche radicale s'apprêtent à mener bataille à l'occasion de la prochaine transcription législative du texte. Parce qu'ils n'ont pas élu Hollande pour cela.
Voilà qui, avant d'autres réformes douloureuses comme celle des retraites, préfigure la fin d'une ambiguïté entretenue par des discours électoraux utopiques. Cruelle désillusion pour les dogmatiques qui, déconfits, découvrent à quoi sert l'alternance. Elle permet à la gauche de faire ce que la droite, en son temps, avait été empêchée de faire.
Devinez par qui ?
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