TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 26 février 2013

“Amour” ou le triomphe de la bien-pensance

“Amour” ou le triomphe de la bien-pensance


Pour l’Oscar international de la bien-pensance et du conformisme, on ne voit pas qui pouvait concurrencer Amour. Peut-être l’histoire de l’adoption d’une petite sans-papier africaine sidaïque par un couple gay fraîchement marié. Ce sera pour l’année prochaine.
Champion toute catégorie à Cannes, aux Césars français (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur et meilleure actrice), aux Baftas anglais, Oscar du meilleur film étranger, le film austère, froid et clinique de Michaël Haneke qui se termine par une euthanasie-maison rafle tout. C’est plus qu’un film, un emblème pour notre époque. « Une illustration de la promesse que nous nous sommes donnée, mon épouse et moi-même… », avait déclaré le réalisateur à Cannes. Emotion, applaudissements… La critique a salué un film « magnifique » et « romantique ». Voyez plutôt…
Emmanuelle Riva incarne Anne, une octogénaire victime d’attaques cérébrales, qui perd peu à peu son autonomie jusqu’à ce que tout son corps la trahisse, sous les yeux impuissants de son mari aimant Georges (Jean-Louis Trintignant) qui s’entête dans une dangereuse solitude. Avec le fauteuil roulant et le lit médicalisé, une autre vie commence. Un deuxième accident cérébral entraîne les couches, le gobelet à bec, la démence. Anne ne sait plus rien faire d’autre que de pousser des gémissements avec une voix déchirante : « Mal ! Mal ! Mal ! »
La maladie ne peut-être qu’une déchéance, l’état de l’épouse est clairement indigne, insupportable. Les aides-soignantes et les auxiliaires sont brutales et inutiles. L’humain ne se trouve réduit qu’à un état d’humiliation permanente. A part ça, aucun parti-pris.
Michaël Haneke (La pianiste, Le ruban blanc) est un sombre, un sévère. La compassion et le secours spirituel sont totalement absents de son univers. Un moraliste moralisateur, donneur de leçons angoissantes. On regarde ses films la peur au ventre, ratatiné au fond de son fauteuil, en se demandant si on supportera jusqu’au bout son sadisme. D’autant qu’on a bien compris depuis un moment où il voulait en venir.
Trintignant, trop éprouvé par les souffrances de sa femme, lui lit une petite histoire pour l’apaiser et l’étouffe avec un coussin. Parce qu’elle vivait « comme un légume ». Ce geste que certains moins évolués nommeront meurtre, mise à mort ou euthanasie, Haneke lui a donné le titre et la signification de son film : Amour.

0 commentaires: