TOUT EST DIT

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dimanche 27 janvier 2013

Lagarde appelle à l'assouplissement monétaire pour la BCE : le règne de la Bundesbank touche-t-il à sa fin ?

La présidente du Fonds monétaire international plaide avant tout pour une action volontariste afin que l'Europe retrouve la voie de la croissance et de l'emploi. 
Lors de sa conférence de presse pour la nouvelle année, Christine Lagarde a clairement orienté son propos sur la croissance et l'emploi. De ce point de vue il y a une inflexion hiérarchique puisqu'elle indique sans ambiguïté que pour éviter un retour en arrière et un regain de crise il fallait se préoccuper des questions relatives à l'activité. Les questions financières, importantes forcément, ne sont plus nécessairement la clé de tous les problèmes posés.

En fait, elle considère que des changements importants ont été mis en œuvre récemment, notamment dans la zone Euro. Ces changements institutionnels doivent maintenant être implémentés pour stabiliser l'ensemble de l'économie et in fine favoriser son retour à la croissance. En d'autres termes, à la question sur la fin de la crise de la zone Euro, Christine Lagarde a une réponse simple. Les Européens ont mis en place une série d'institutions dont l'objet est de stabiliser la dynamique monétaire et financière de la région. C'est un pas essentiel pour stabiliser la zone. Cependant, il faut que ces institutions soient effectivement à l'œuvre pour faciliter le retour de la croissance et de l'emploi qui sont les vraies problèmes de la zone Euro. Ces institutions doivent être opérationnelles pour cela mais elle n'écarte pas cependant la possibilité voire la nécessité pour la Banque centrale européenne d'adopter une stratégie encore plus accommodante.
Le FMI suggère implicitement par la voix de Christine Lagarde que la BCE devrait élargir son mandat et ne pas se cantonner à la question de l'inflation.
Quand on regarde le comportement des autorités monétaires européennes on observe qu'elles prennent déjà en compte cette question de l'activité. Ainsi l'évolution sur 6 mois du taux de refinancement de la BCE est-il mieux corrélé à l'évolution d'un indicateur d'enquête (type PMI/Markit) que de l'évolution de l'inflation.
Cela peut paraitre paradoxal mais est finalement assez simple à comprendre. Dans la deuxième partie des années 90, lors de la préparation de l'Euro, toutes les banques centrales de la future zone Euro avaient adopté des stratégies cohérentes relatives à la stabilité des prix. Ceci correspondait à une convergence de stratégie compte tenu de la nécessaire stabilité et cohérence des objectifs dans le cadre de la mise en place de l'Euro. Cela a plutôt bien marché, on se souvient en France des épisodes du Franc fort. En d'autres termes, les banques centrales ont toutes acquise collectivement une crédibilité en matière de gestion de l'inflation. Cela suivait assez sensiblement la politique mise en œuvre par la Banque centrale allemande (la Bundesbank). Lorsque l'Euro est mis en place la BCE conserve l'objectif de stabilité des prix et aussi la crédibilité dont disposaient les banques centrales régionales.
En d'autres termes, les investisseurs savent que la BCE ne laissera jamais le taux d'inflation dérivé. En moyenne, la BCE a rassuré sur sa capacité à maintenir le cap de la stabilité des prix et les investisseurs étaient persuadés de sa capacité à le faire. Dès lors les instruments de la politique monétaire doivent se concentrer sur ce qui pourrait faire dévier la BCE de cet objectif. Ces déviations peuvent provenir de l'activité où des tensions excessives peuvent engendrer des pressions sur les prix et les salaires.
C'est clairement ce que montre le graphique. 
Madame Lagarde suggère ainsi que les gouvernements étant contraints par la nécessité de retrouver une certaine soutenabilité budgétaire, les efforts doivent porter sur les institutions mises en œuvre et sur la politique monétaire pour converger vers un sentier de croissance plus favorable à l'emploi.
Le point souligné par Christine Lagarde n'est pas tout à fait cohérent avec le point de vue de Mario Draghi et des banquiers centraux de la zone Euro qui ont estimé lors de leur réunion du début janvier qu'il n'était pas nécessaire d'adopter une stratégie plus accommodante.
Dans sa conférence de presse Mario Draghi évoquait la relative stabilisation des enquêtes et le probable retour de la croissance sur la deuxième partie de l'année 2013. Outre le fait que c'est ce qu'il expliquait déjà au début de l'année 2012, on perçoit une divergence sur le profil de l'activité entre la BCE et le FMI. Ce dernier semble moins certain d'une reprise ou tout au moins suggère que pour avoir une reprise il faudra être suffisamment actif notamment sur la politique monétaire.
Le FMI apparait plus volontariste dans sa stratégie que ne peut l'être la BCE dans son propos. A l'image des orientations données de longue date par la Bundesbank, la BCE considère quand même que la stabilité des prix est probablement une condition suffisante pour retrouver de la croissance. Dès lors si le système bancaire est stabilisé et qu'il y a peu de risque sur une hausse de l'inflation la BCE considère que sa politique est la bonne. La crise actuelle de la zone Euro, qui est désormais une crise de croissance et d'emploi pourrait donner tort aux banquiers centraux car 2013 sera la 3ème année d'activité faible voire négative (depuis le printemps 2011) et de hausse rapide du chômage.

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