TOUT EST DIT

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mardi 22 janvier 2013

De quoi Hollande est-il le nom ?

De quoi Hollande est-il le nom ?


Après le raz de marée dans les rues de Paris, la droite exulte. Elle est même en état de lévitation et on ne peut lui donner tort. Comme prévu, la manifestation contre le mariage pour tous fut une démonstration de force, politique ou sociologique.
L'heure de la reconquête a-t-elle sonné pour la droite ? Rien n'est moins sûr. Assurant sans génie son travail d'opposition et incapable d'amorcer l'ébauche d'une esquisse de projet, elle est affligée, de surcroît, d'une maladie qui pourrait l'éloigner durablement du pouvoir, la "buissonnite", du nom de l'ex-conseiller de Sarkozy,Patrick Buisson, qui sera à l'UMP ce que le Tea Party est pour les républicains aux États-Unis : une déviance, un caillou dans la chaussure.
Chose comique, la droite a un wagon entier de candidats à la présidence, dont pas mal sont des Machiavel de brocante, mais elle n'a pas même su se trouver de chef, hormis Manuel Valls, plébiscité dans les sondages par la droite comme par la gauche. Quant à l'UMP, sa direction autoproclamée paraît aujourd'hui à peine plus légitime qu'un pouvoir gabonais ou panaméen dans les années 60, le PS n'ayant pas grand-chose à lui envier. Passons.
Pour la droite, le pire est peut-être même à venir. Depuis l'avènement de M. Hollande, elle n'a cessé, avec un prisme aubryste, de sous-estimer le chef de l'État, considérant que rien ne faisait plus horreur à cet homme-là que la pensée, fors l'action. Sans doute les premières gammes du quinquennat furent-elles mollassonnes et le style du gouvernement, cataplasmique - à ne pas confondre avec cataclysmique. Nuance. Mais, depuis peu, avec l'arrivée des soldes, le chef de l'État a revêtu des habits neufs. Quelque chose est en train de changer.
Que la France soit enfin venue au secours du Mali, on ne peut que s'en féliciter. Ne chipotons pas : dans cette affaire, il n'est pas question de "Françafrique", mais de morale et de bon sens. L'opération Serval est le signe que, sous M. Hollande, la France ne laissera pas dépecer un pays ami que des groupes armés islamistes entendent ramener à l'âge de pierre de la raison, avec les mutilations et les lapidations afférentes.
Considéré, il n'y a pas si longtemps, comme une démocratie modèle, le Mali s'est désagrégé sous l'effet d'une islamisation galopante doublée d'une faillite économique, tandis que la communauté internationale, les bras ballants, se rendait coupable de non-assistance à pays en danger.
Le Mali était ainsi devenu une bombe à retardement. La matrice d'un nouveau djihad africain. Après s'être emparée du nord du Mali, la pègre islamo-terroriste, accompagnée par des narco-trafiquants et les rebelles touaregs, commençait à marquer des points au centre et au sud. La semaine dernière, elle avait même engagé une large offensive, apparemment pour en finir, au point que Bamako, la capitale, semblait dans son viseur.
C'est ce qui a précipité l'intervention française. Salafistes ou pas, les islamistes ont beau hurler au néocolonialisme, personne ne les croit. De plus, les risques d'enlisement, pardon, d'ensablement de la France sont faibles. Certes, c'est ce qu'on dit avant chaque guerre. Mais le désert est pour nos chasseurs aériens un terrain d'action bien plus propice que les escarpements afghans, comme on a pu l'observer en Libye. Et, si on ne s'occupe pas du terrorisme, c'est lui qui s'occupera de nous, comme il l'a déjà fait, sur place, avec les ressortissants français.
La "flexisécurité" est un autre domaine dans lequel M. Hollande a marqué un point cette semaine : l'accord signé, sous l'égide de M. Sapin, entre le patronat et trois syndicats (CFDT, CFTC et CGC) n'est certes pas parfait, mais il a au moins le mérite de sortir la France du formol social dans lequel elle trempe depuis Mathusalem, avec les résultats que l'on sait en matière de chômage.
La France était devenue la preuve vivante que trop de rigidité tue le social et l'emploi. Salué par la presse internationale, qui parie sur une revitalisation de l'économie française, l'accord prévoit que de nouveaux droits seront accordés aux salariés, tandis que les entreprises auront plus de souplesse pour gérer l'emploi en période de difficultés économiques. Donnant, donnant. Grâces soient rendues à la CFDT d'avoir fait la preuve, une fois de plus, de son patriotisme et de sa maturité en signant le projet, alors que la CGT et FO, décidément hors d'âge, n'arrivent toujours pas à sortir de leur routine boutiquière.
Avec la "flexisécurité", M. Hollande est entré dans l'ère des réformes structurelles, qui, comme chacun sait, ne sont pas une spécialité française. On attend maintenant la suite sur la baisse de la fiscalité et la réduction des dépenses publiques, les deux étant urgentes et indissolublement liées.
En attendant, M. Hollande aura le loisir de prouver son autorité avec l'affaire du mariage pour tous. En tenant sur un projet que la rue réprouve, du moins rive droite, mais qu'une majorité du pays soutient, il a tout à gagner, et à peu de frais. Les succès ne sont jamais dangereux, surtout quand ils arrivent tard, à toutes petites doses.

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