TOUT EST DIT

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jeudi 5 avril 2012

Comme si… 



François Hollande décrit désormais sa première année à l’Élysée. Le candidat socialiste appelle cela sa « feuille de route » : 35 mesures concrètes traduisant en actes une partie de ses 60 engagements.
D’abord une salve de décrets. Ensuite une session extraordinaire du Parlement, au début de l’été. Puis, à partir de l’automne, les grandes lois économiques, sociales, éthiques et la révision constitutionnelle sur la laïcité — donc la délicate affaire du concordat…
On voit l’idée : au-delà des promesses, déjà formulées, Hollande donne un calendrier. Comme tout calendrier, celui-ci propose des images : Hollande sur le perron de l’Élysée, son Premier ministre (Ayrault ? Sapin ? Aubry ?) en conversation avec lui sur le gravier, la ronde des maroquins, le premier conseil des ministres, la photo de famille, les premiers textes au Journal officiel, une chambre rose et verte en juin, un mini-remaniement, les députés mis au travail. Bref, avant même le 1 er tour, faire « comme si » — pour accréditer que c’est presque fait, que c’est presque là.
En face, l’exercice en est l’exact contrepoint. Ce qui doit apparaître naturel, quand on est sortant, c’est la poursuite du travail et la continuité des images. D’où le choix d’abord, d’une série de grands discours de « bilan et perspectives » : Annecy, Marseille, Lille, etc. Puis, ce jeudi, Nicolas Sarkozy présentera son « projet » — c’est le mot choisi — qu’on annonce chiffré et daté. Et qui, surtout, s’enracinera dans la politique du premier quinquennat, la justifiera et l’amplifiera.
Là aussi, on fait « comme si ». Comme si l’alternance était une hypothèse déraisonnable, qui allait casser cet élan vers la France forte. Il y a un locataire à l’Élysée, il y en aura un à Matignon (Borloo ? Copé ? Ou même Bayrou ?), il y a des équipes au travail, elles n’ont pas démérité. Rebondir ? Oui, mais comme pour un triple saut.
Ce n’est pas un hasard si, de part et d’autre, on fait « comme si » au moment où les sondages promettent le premier tour à Sarkozy, le second à Hollande. Le président sortant doit accréditer l’idée que sa silhouette à l’Élysée va de soi, son adversaire celle que la sienne n’y serait pas déplacée.

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