TOUT EST DIT

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lundi 20 février 2012

Présidentielle : une finale prématurée


N'en déplaise aux socialistes, l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy est un événement. C'est si vrai que l'on assiste, depuis lors, à une bipolarisation forte et prématurée.

Méfiance, car l'opinion n'apprécie pas qu'on lui confisque le droit de s'intéresser à une offre politique diversifiée. Que l'on ramène le débat du premier tour à une confrontation de second tour. Que cette « sarkhollandisation » que dénonce François Bayrou soit une finale avant les éliminatoires.
Ce durcissement du combat présidentiel, à 76 jours du vote, pose plusieurs questions. La première : les outsiders peuvent-ils encore troubler le jeu ?

 En un mois, Nicolas Sarkozy est parvenu à doubler l'écart avec Marine Le Pen. 

Sa vibrante offensive patriotique, hier à Marseille, et la dynamique autour de Jean-Luc Mélenchon rendent quasi impossible l'accession du FN au second tour. Sa candidate, qui tentait de reprendre la main, ce week-end à Lille, s'est fragilisée sur le thème de la sortie de l'euro. La crédibilité est la contrepartie du passage de la protestation à l'aspiration à gouverner. 

La voix de François Bayrou, l'autre menace pour la qualification de Nicolas Sarkozy, est en partie couverte par le bruit du combat des titans. Pour que le candidat centriste retrouve de l'élan, il faudrait que l'affrontement entre les favoris tourne mal et que le centre droit se tourne vers lui. Seconde interrogation : qu'est-ce qui peut faire perdre François Hollande ? 

À part une énorme bourde, une dramatisation de l'actualité - on pense à la Grèce - des déchirures peu probables à gauche et une union aussi peu probable de Jean-Louis Borloo à Marine Le Pen, on le voit mal s'effondrer. Posons la question autrement : qu'est-ce qui pourrait faire gagner Nicolas Sarkozy ? D'abord, de réaliser un bon premier tour et de relancer une dynamique en retrouvant l'électorat frontiste perdu depuis 2007. C'est ce qu'il vise à travers sa stratégie du clivage permanent autour du patriotisme, de l'autorité, de la famille et de la parole rendue au peuple. Dans un second temps, Nicolas Sarkozy devra décider les modérés et les hésitants. 

Sans cette reconquête, la droite, majoritaire mais divisée, ne peut pas gagner face à la gauche, minoritaire mais portée par une envie de pouvoir, un esprit d'union et un antisarkozysme qui déborde ses frontières. Enfin, Nicolas Sarkozy devra s'arranger pour que les surprises, qu'il promet quotidiennes - hier l'annonce d'une dose de proportionnelle - soient assez fortes pour embellir un projet qui ne contient pas que des douceurs. François Bayrou et François Hollande ont annoncé la couleur : 50 milliards de dépenses en moins et autant de prélèvements en plus pour le premier ; 20 milliards de « cadeaux fiscaux » en moins et 29 milliards d'impôts en plus pour le second. 

Et pour Nicolas Sarkozy ? Pour l'instant, on ne dispose que des projections budgétaires transmises à Bruxelles. Elles permettent d'entrevoir plusieurs dizaines de milliards d'économies - retraites, dépenses de santé, transferts aux collectivités locales - et 46 milliards de prélèvements nouveaux (y compris la TVA sociale) dont le détail reste inconnu. Le courage - mais serait-ce la meilleure façon de gagner ? - sera de le dire un jour.

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