TOUT EST DIT

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dimanche 23 décembre 2012

En vitrine, les sacs de luxe ont remplacé les peluches

Mais, maman, ils sont où les jouets ?", interroge un petit garçon, le nez collé à la vitrine. Il y a bien un ours blanc qui se dandine avec un sac griffé Louis Vuitton sous la patte, ou des pingouins au garde à vous, des bagages au logo LV sous les ailes, mais il manque les rois coutumiers de la fête : le Père Noël, le traîneau, les rennes et les cadeaux... 

Les devantures de Noël du boulevard Haussmann, celui des grands magasins, dans le 9e arrondissement de Paris, n'apportent pas, cette année, leur lot promis de féerie. Un amoncellement de malles Vuitton (groupe LVMH) dans les devantures des Galeries Lafayette, des sacs à main et des fioles de parfum Christian Dior (LVMH, aussi) chez son voisin et rival, le Printemps... : il n'y pas de quoi faire rêver les petits.
Les enfants conviés à la fête - parce qu'on continue de poser quelques estrades devant les vitrines pour eux, symbole de l'hypocrisie (ou de la lâcheté ?) des adultes, redescendent du podium un peu éberlués. Les familles, venues en pèlerinage annuel, parfois de loin, sont tout aussi dépitées.
Voilà leurs chérubins précocement initiés à l'univers du luxe ! "Les enfants ont changé : ils sont mûrs plus vite, plus avertis qu'autrefois", lâche un responsable commercial, sous couvert d'anonymat. "Les parents aussi ont changé : on s'attend à un boom des ventes de Noël sur Internet. Quant aux vitrines, elles sont louées toute l'année aux marques, comme un espace de choix. Elles doivent surtout faire rêver les visiteurs étrangers, qui représentent aux Galeries Lafayette Haussmann 60 % de la clientèle", ajoute le professionnel.
Fini donc la poésie et le merveilleux des fêtes de fin d'année ? Les vitrines animées auraient-elles vécu leurs derniers Noëls ? Ce type de spectacle remonte à 1903, avec l'apparition de premiers personnages, des ours en peluche glissant sur une banquise de carton-pâte, dans les vitrines parisiennes du Bon Marché.
"Ces devantures élégantes s'adressent à une élite capable de se payer un sac Vuitton à 2 800 euros pièce, mais elles ne déclenchent plus d'émotion", souligne Hélène Lafourcade, cofondatrice de l'agence de conseil en communication Good2Know.
"Pour les Galeries Lafayette, c'est dommageable : ce magasin des grands boulevards a été conçu il y a plus de cent ans, par Théophile Bader, comme un "bazar" de grand luxe dont l'abondance des marchandises ferait tourner la tête des clients, principalement des familles. On le surnommait "les Galeries Farfouillettes"... En rompant avec les traditions populaires, ils perdent leur âme", précise Mme Lafourcade, qui fut longtemps la directrice image des Galeries Lafayette.
A l'intérieur du magasin, sous le dôme en verre qui fête cette année un siècle d'existence, se dresse un sapin géant de 21 mètres. Il brille de mille feux, faits d'étoiles de cristal... toutes signées de la marque autrichienne Swarovski.
Là encore, on est loin des décorations du Noël 2001, à l'aube de ce millénaire, qui avaient été confiées par les Galeries Lafayette aux artistes Elisabeth Garouste et Mattia Bonetti.
Le couple de créateurs avait recréé, de vitrine en vitrine, les aventures de l'ourson espiègle Mattia, héros d'un des livres préférés de leur enfance. Et ils avaient su allumer des lumières dans les yeux des enfants.

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