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jeudi 22 novembre 2012

La question budgétaire de l'Europe

La question budgétaire de l'Europe 


Une discussion budgétaire, c'est pour toute institution démocratique un moment de choix et de vérité. Il faut, par l'impôt, définir des recettes et des dépenses. Les affecter. Arbitrer. Dans tous les États de l'Union européenne, comme dans toutes les démocraties du monde, ce moment fait l'objet d'un débat public. Au Parlement.
Ce matin, ce moment si important dans la vie de tout espace politique sera au menu d'un sommet extraordinaire des Vingt-sept. Le débat va bien avoir lieu, entre chefs d'État et de gouvernement, mais c'est dans le huis clos du Conseil que les perspectives financières de la période 2014-2020 vont être discutées, comme tous les sept ans.
Rien de nouveau ? Pas si sûr. La grave crise qui vient de secouer la zone euro et l'Union, depuis trois ans, ne permet plus de suivre ce rituel avec un regard désabusé. Non seulement parce que le climat d'austérité amène tout le monde à regarder de plus près les choix en matière économique. Mais surtout parce que la méthode n'a jamais paru autant inadaptée.
Comme le déclarait, hier, Alain Lamassoure : « Sur le budget, l'Europe travaille mal. » Le président de la commission du budget du Parlement européen de préciser. « L'Europe n'a pas d'impôt, elle mendie la charité de ses membres. » Sans ressources propres, l'Union européenne dépend des accords conclus par ses États membres. Au prix d'une logique perverse.
Chacun arrive ce matin à Bruxelles avec un double objectif : donner le minimum, engranger le maximum. L'opinion publique, dans tous les pays de l'UE, peut sans doute parfaitement comprendre la nécessité de contenir les dépenses par gros temps. À condition que les discussions d'apothicaires sur le « combien » (en fait à peine 1 % du PIB européen) n'éclipse pas le vrai débat sur le pourquoi et le comment d'un budget.
C'est bien là que les contribuables européens peuvent se sentir dépossédés de ce débat légitime. Surtout à l'heure où la mondialisation et la crise montrent très clairement qu'aucun État national ne peut résister seul dans la tourmente. Le rabais britannique, que Margaret Thatcher sut habilement négocier en 1984, n'a plus de sens. Mais la prédominance de la politique agricole commune, soutenue par Paris n'en a pas davantage aux yeux de nombreux partenaires. C'est la cohérence du projet qui peut rétablir chacun dans ses demandes légitimes, pas la foire aux égoïsmes.
La renationalisation du discours politique et même des esprits, à laquelle on assiste depuis trois ans, touche, à l'occasion de ce sommet, un point limite. « L'Europe peut survivre à un manque de crédits, elle ne survivrait pas à un tel déficit de démocratie », ajoutait, hier, Alain Lamassoure, qu'on peut difficilement qualifier de souverainiste.
Dès lors, après vingt-cinq sommets dits de la dernière chance, les chefs d'État et de gouvernement doivent, aujourd'hui et demain, réfléchir à cet avertissement. La gestion commune des ressources financières, surtout en temps de crise, exige plus une solidarité intelligente, même à un moindre coût, que d'une bataille rangée. Le succès d'Airbus n'en est-il pas la meilleure illustration ? C'est d'un projet audacieux et commun dont les zones en difficulté de l'Europe ont besoin. Ce ne sont pas les calculs comptables qui augmentent les ressources, tout au plus ils les habillent.

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