TOUT EST DIT

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mardi 30 octobre 2012

Même les patrons de gauche se rebiffent !

Même les patrons de gauche se rebiffent ! 


Alors que l’ex-patron d’EADS, Louis Gallois, doit rendre le 5 novembre son fameux rapport sur la compétitivité (commandé par le chef de l’Etat), les grands patrons français ont fait monter dimanche d’un cran supplémentaire la pression en présentant leur propre version de ce que devrait être le « pacte de compétitivité » élaboré par le gouvernement pour relancer l’économie du pays. Moyen : la baisse massive des charges.
Tandis que début septembre Jean-Marc Ayrault promettait un « choc de compétitivité gagnant-gagnant », François Hollande ne parle plus que d’un « pacte » s’inscrivant dans la durée et sans incidence immédiate sur la TVA ou la CSG. Jeudi dernier, lors d’une rencontre avec des patrons réunis par la banque publique Oséo, il a réfuté « l’idée de choc, qui traduit davantage un effet d’annonce qu’un effet thérapeutique ». Par un subtil glissement sémantique, François Hollande et le gouvernement ont prévenu que le « choc » souhaité par les chefs d’entreprises (à commencer par le Medef), et notamment en matière d’allégements de charges, n’aurait pas lieu, se transformant plutôt en « trajectoire »
Les patrons de l’Association française des entreprises privées (Afep), qui regroupe la quasi-totalité du CAC 40 et des grandes entreprises françaises, ont donc lancé dans les colonnes du Journal du Dimanche un appel solennel présenté comme un ultimatum. Ils réclament notamment que, dans ce futur pacte, l’Etat s’engage à réaliser « 60 milliards d’euros d’économies au cours des cinq prochaines années », soit 3 points de produit intérieur brut.
Pour y parvenir, les grands groupes demandent une baisse des cotisations sociales de 30 milliards d’euros sur deux ans, qui viserait « les salaires moyens (2 Smic et plus) » et serait financée pour moitié par un relèvement de la TVA à 21 % (contre 19,6 % actuellement) et par la baisse des dépenses publiques. Ils réclament aussi une baisse de l’impôt des sociétés « au niveau de nos voisins européens » et le droit « d’explorer et d’exploiter nos ressources nationales comme les gaz de schiste », en appelant au « pragmatisme » dans la mise en œuvre de la transition énergétique.
Mais comment effectuer un tel transfert sans peser encore plus sur le pouvoir d’achat des Français et entraver la croissance ? Car, contrairement à ce que l’exécutif affirme sans cesse, l’effort fiscal déjà entrepris ne concerne pas seulement un Français sur dix. Interrogé dimanche sur Canal Plus, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici a repris les termes du chef de l’Etat : « Il faut absolument agir sur la compétitivité, mais pas par un choc », a-t-il commenté, en préconisant « une trajectoire continue dans le temps ». Une « trajectoire » qui a la saveur d’une infusion, commentent les éditorialistes : « On risque de passer de la tisane anisée à l’eau tiède » (L’Est républicain) ; « Je ne souhaite pas que l’on mette l’économie en récession ni qu’on touche davantage au pouvoir d’achat, notamment des classes populaires », a justifié le ministre.
Son homologue du Budget, Jérôme Cahuzac, a pour sa part relevé que les positions des uns et des autres n’étaient pas si éloignées dans la mesure où le gouvernement avait prévu de réaliser pour 50 milliards d’économies sur la durée du quinquennat. Pas de « choc » non plus pour l’ancien patron de Renault, Louis Schweitzer : « Je ne crois pas au choc de compétitivité. On ne modifie pas les choses du jour au lendemain », a-t-il déclaré au Journal du Dimanche, rappelant qu’en Allemagne le processus a pris dix ans. Ce qui n’apparaît pas être l’opinion de la plupart de ses anciens collègues.
Singulièrement, à l’instar de Louis Schweitzer qui fut chef de cabinet de Laurent Fabius au Budget et à Matignon (1981-1986), ce sont les grands noms du patronat de gauche qui sont montés au front ce week-end à côté de Louis Gallois (estampillé également à gauche) : Pierre Pringuet, PDG de Pernod Ricard à la tête de l’Afep, est un ancien du cabinet de Michel Rocard (1981-1985) et Serge Weinberg, président de Weinberg Capital Partners, fut également du cabinet Fabius au budget dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
« François Hollande les a reçus souvent », a d’ailleurs noté Cahuzac sur France 5 reconnaissant que ces grandes voix du patronat avaient su se faire entendre, en particulier à propos du budget : « On a ajouté beaucoup de chose, précisément parce qu’on a discuté avec eux », a-t-il reconnu. A tort ou à raison, ils ont en somme défendu un aspect de la politique de Sarkozy. « La baisse des charges est un refrain entonné par des générations de patrons depuis 20 ans. Suffira-t-elle à endiguer le déclin ambiant par une quête de “trajectoire” qui a déjà la saveur d’une infusion “jambes légères” au coin du feu », interroge encore Alain Dusart de L’Est Républicain.

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