TOUT EST DIT

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dimanche 28 octobre 2012

La mise en garde des grands patrons à Hollande

Après l'appel des PDG des 98 plus importantes sociétés françaises publié en exclusivité dans le JDD, le bras de fer avec François Hollande commence.
La tension grimpe. Après le Medef et les "pigeons", c'est au tour de la puissante Association française des entreprises privées (Afep) de mettre François Hollande sous pression. Peu connue du grand public, elle rassemble les PDG des plus grandes sociétés du pays. L'Afep adresse dans le JDD un appel inédit au président de la République, qui sonne comme une mise en garde sur sa politique économique. De quoi alimenter ce "je t'aime moi non plus" entre l'exécutif et les milieux patronaux, sentiment de méfiance qui dure depuis l'été. Cette semaine, le président de Mitsubishi France, Jean-Claude Debard, a traité Arnaud Montebourg d'"abruti mental" et de "débile", selon La Provence. Il a démenti mais il a dû démissionner.
Raclure, déchet, fossoyeur de la France.
Que se passe-t-il? Le bras de fer porte sur une somme colossale. Peut-être la plus importante ristourne jamais promise par l'État aux entreprises. Le gouvernement s'est engagé à baisser les cotisations patronales, pour redonner d'importants moyens financiers aux entreprises tricolores qui perdent des marchés face à leurs concurrentes étrangères et licencient. Cette mesure doit figurer dans le rapport sur la compétitivité de la France que Louis Gallois remettra à Jean-Marc Ayrault le 5 novembre. L'ancien président d'EADS (Airbus) et de la SNCF s'est déclaré en faveur d'un "choc".
Un tel dispositif existe déjà. Les allégements de charges accordés aux employeurs, concentrés sur les bas salaires, s'élèvent à 24 milliards d'euros. L'exécutif semble prêt à aller beaucoup plus loin. L'Élysée a planché sur des simulations allant jusqu'à 60 milliards d'euros. Le rapport Gallois évoquerait la moitié. Les discussions en cours au sein du gouvernement ont ramené la barre en dessous. Un ministre concerné se satisferait de 15 à 20 milliards. Il n'empêche. Sur le papier, un pouvoir de gauche et les chefs d'entreprise pourraient "toper" autour d'une somme historique.
Les patrons ne demandent qu'à y croire. Beaucoup ont été reçus par François Hollande, qui leur a consacré une demi-douzaine de déjeuners et plusieurs rencontres. Le 23 août, les membres de l'Afep sont sortis de l'Élysée satisfaits "d'une relation ouverte, cordiale et de bonne écoute", selon l'un d'entre eux. Le Premier ministre, dans l'avion de la République qui le ramenait de Manille la semaine dernière, a discuté près de deux heures avec huit patrons de PME autour d'un tagine de poulet et d'une tarte aux pommes.

Laurence Parisot veut 70 milliards d'euros sur trois ans

Seulement voilà, leur confiance en Hollande s'est émoussée. Les patrons, Medef en tête, ont été refroidis en septembre par le premier budget du quinquennat : 10 milliards de hausses d'impôts sur les entreprises, et une salve de taxes qui les frappent personnellement. "Il y a eu un hiatus entre les paroles privées et la loi de finances. Sans compter des propos d'une grande maladresse de la part d'Arnaud Montebourg", déplore un ami du chef de l'État. Le ministre du Redressement productif les déroute. Ses critiques en juillet envers la famille Peugeot, actionnaire du groupe PSA, ont choqué de nombreux dirigeants. Mais sa position en faveur de mesures d'ampleur en fait "le seul qui reconnaisse le problème", dit l'un d'eux.
Jeudi, Hollande a recadré ses intentions devant 3.000 créateurs d'entreprise. Pas question d'un "choc". Car, pour compenser le manque à gagner pour la Sécurité sociale, il faudrait dans le même temps relever massivement les impôts. Trop dangereux aux yeux de l'Élysée, alors que la France flirte avec la récession. La baisse des charges sera donc étalée sur plusieurs années. Laurence Parisot reste sur le qui-vive. "François Hollande a eu un diagnostic juste mais nous attendons toujours l'annonce d'une stratégie et des décisions. Nous pouvons, sous certaines conditions, comprendre un étalement de la mesure sur deux ou trois ans, mais dans ce cas il faut aller jusqu'à 70 milliards de transferts", explique la présidente du Medef au JDD. Plus tôt, un ministre s'inquiétait d'une surenchère : "Sarkozy leur avait promis 12 milliards d'euros [avec la TVA sociale] . S'ils obtiennent moins, ils diront que le compte n'y est pas? Il faut qu'ils sachent faire retomber la pièce."
Le bras de fer va se poursuivre. La décision du gouvernement est attendue fin janvier, après une première salve de mesures le 6 novembre. Un haut responsable patronal menace : "S'ils nous sortent un machin à l'eau tiède, les hostilités seront lourdes, les réactions excessivement violentes. Il y a des gens à cran dans nos rangs".
Lire l'appel des 98 grands patrons publié en exclusivité dans le JDD

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