mercredi 19 septembre 2012
Le jeu des géants
Chine et Japon : deux géants, à la même table, tantôt se sourient,
tantôt se donnent des coups de pied par-dessous. Curieuse destinée que
celle de deux superpuissances voisines, partenaires essentielles l’une
de l’autre, amies de façade et ennemies privilégiées.
Dans une
région qui, des îles Kouriles au Vietnam en passant par la Corée et
Taïwan, a été laissée en désordre par l’après-guerre, la Chine et le
Japon semblent ne jamais rater une occasion de se détester. Sans se
priver d’entretenir des liens commerciaux de premier plan. Le manège se
poursuit sous l’œil des États-Unis, que les ambitions amènent, par des
postures de circonstance, à tirer parti de l’étalage de muscles entre
les deuxième et troisième économies mondiales.
Que la querelle des
îles Senkaku prenne un tour si violent, à la date anniversaire des
faits motivant l’invasion de la Mandchourie par les Japonais, peut être
perçu comme un hasard. S’il y en a un en Chine : on voit mal des
manifestations tellement radicales se multiplier à l’insu d’un pouvoir
par ailleurs si intraitable.
Au plan intérieur, ce conflit
territorial permet au régime chinois de détourner l’attention des
affaires de corruption qui le minent. Mais gare à ne pas laisser galoper
la fièvre nationaliste : la crise des Senkaku ne vaut que par la valeur
donnée par Pékin à cet archipel.
La Chine dans le rôle de
l’agressé, face au Japon dans celui de l’outragé, joue un jeu risqué.
Hégémonique pour tout dire, et bien au-delà d’une tradition
d’affrontements tantôt larvés, tantôt éruptifs. Depuis la normalisation
de leurs relations en 1972, l’une et l’autre avaient compris
l’importance, pour préserver l’avenir, de ne pas aller trop loin. Les
deux géants peuvent se faire les gros yeux.
À condition de rester à la
même table.
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