dimanche 16 septembre 2012
Encore et toujours de la dette
Si la nation européenne existait, Mario Draghi, le président de
la Banque centrale européenne (BCE) en serait sans doute devenu le
premier héros. Mais la diversité européenne est telle qu'elle exclut
toute idée de panthéon commun. En déclarant « l'euro irréversible », en
décidant de racheter sans limites les dettes souveraines des pays les
plus touchés par la crise, il a rassuré les États, les marchés, et les
opinions !
En ces temps d'incertitudes économiques et d'hésitations politiques,
il est miraculeux d'entendre une parole forte et consensuelle à la fois.
L'Espagne et l'Italie, étranglées par des taux d'intérêt qui les
enfoncent dans la crise, retrouvent ainsi de l'air. Elles pourront avoir
accès au crédit à des taux raisonnables et ne verront pas le poids de
leur dette s'alourdir encore.
Tous les pays membres de l'euro respirent mieux. La crainte
d'une Espagne subissant le même sort que la Grèce s'éloigne. La sortie
de certains États de la zone euro est moins probable aujour-d'hui
qu'hier. Le risque d'explosion faiblit. Cette décision de la BCE tient
la promesse faite lors du dernier sommet de la zone euro, qui engageait
les parties prenantes dans la voie d'une plus grande union.
On est
toujours, pourtant, au milieu du gué. En termes institutionnels autant
qu'économiques. La BCE, rare instance fédérale qui prenne seule ses
décisions, profite de sa capacité à décider rapidement. Elle peut ainsi
rassurer les marchés en injectant des liquidités comme on oxygène le
malade, mais elle n'a pas la capacité à mettre d'accord les États
européens sur une stratégie économique commune.
Or, l'Europe ne
pourra pas continuer à faire semblant d'exister, alors qu'elle n'est
encore qu'une union d'États défendant trop souvent leurs intérêts
nationaux immédiats, sans vision d'ensemble et de long terme. Il faudra
bien orchestrer les politiques budgétaires, sociales et fiscales si l'on
veut réduire, progressivement, les formidables écarts entre les
performances économiques des États européens.
Pour bâtir une
Europe de la coopération à peu près confiante entre les États, il faut
sortir du schéma qui veut que l'Allemagne produise des voitures de luxe
et la Grèce de l'huile d'olive. Il faut couper avec d'étranges
habitudes, qui veulent que, grosso modo, les pays du Nord équilibrent
leurs dépenses et leurs recettes, et que les pays du Sud dépensent plus
qu'ils ne gagnent.
Sinon, la Grèce, l'Espagne, le Portugal
continueront d'aligner les budgets en déficit, de cumuler les
déséquilibres commerciaux, et de devoir en appeler à des créanciers.
Leur seul réconfort sera de pouvoir emprunter aux meilleurs taux, grâce à
la BCE et à son rachat illimité de dettes. Mais ce sera toujours de
l'emprunt, et ce sera encore de la dette.
Il faut sortir du schéma qui veut que l'Allemagne produise des voitures de luxe et la Grèce de l'huile d'olive.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire