TOUT EST DIT

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dimanche 16 septembre 2012

Derrière la colère 

Mauvais film, vraiment. Il ne suffisait pas qu’une vidéo islamophobe sorte de sa poubelle. Pour en rajouter à l’affliction générale se rejoue le scénario de violences en retour, triste remake de l’épisode des caricatures en 2006.
Délibérément outrageant, le film controversé sur Mahomet permet à l’obscurantisme religieux de se redonner un semblant de légitimité. L’ampleur des tensions en témoigne. L’intégrisme sait trouver les relais pour se faire entendre, notamment dans les populations les moins éduquées et chez les plus jeunes.
Coïncidente, la visite de Benoit XVI au Liban donne au pape une tribune de choix pour pilonner le fondamentalisme. Mais l’irritation du monde musulman ne s’alimente pas que d’une lutte confessionnelle.
Les révoltés de ces derniers jours rappellent aussi, en filigrane, que, après le printemps arabe, certains pays orientaux n’en ont pas fini avec ce qu’ils ressentent comme un autre asservissement. Non plus un joug intérieur. Mais une mainmise exercée par cet Occident qui leur envoie des images d’opulence et les laisse, au motif de leur démocratie conquise, dans la stagnation.
L’attaque de l’ambassade d’Allemagne est révélatrice d’un amalgame sur les pays « riches ». Comme la responsabilité attribuée aux États-Unis dans leur entier d’une provocation isolée.
Dans le soulèvement des foules au Proche et au Moyen-Orient, le prétexte religieux ne révèle peut-être que la partie émergée de la colère. Sous la surface des manifestations mijote comme un ressentiment contre un ordre mondial dans lequel les Occidentaux continuent à se donner le beau rôle. Ce film-là, des spectateurs en guettent visiblement le générique de fin.

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