TOUT EST DIT

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vendredi 17 août 2012

12 travaux d'Hercule + 1 : créer son entreprise en Grèce

Théodore PERDIKAKIS est le co-fondateur de l'agence ATTP, une agence de publicité qui se place parmi les 10 premières d’Athènes. Dans son portefeuille de clients, l'agence compte l'enseigne de hard discount Lidl, Leroy Merlin, et la banque HSBC. Depuis un an, la crise touche de plein fouet son activité. En 2011, la société a perdu 50% de ses effectifs.
Lorsqu'elle s'est lancée en 2000, l'entreprise connait pourtant une croissance fulgurante. Ses locaux au design dernier cri sont jalousés dans toute la ville. Aujourd'hui, alors que l'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone euro court dans Athènes, l'entrepreneur grec observe avec amertume le monde de l'entreprise dans lequel il a du se faire une place. Mais des signes positifs peuvent aussi être relevés, telle la mise à disposition de "Hub"; ces grands espaces qui se sont vidés des moyennes ou grandes entreprises en faillite et qui sont désormais proposés à de plus petites entreprises pour un faible coût. Pour l'instant, ATTP résiste et tient ses quartiers, mais "c'est très dur", confie Théodore Perdikakis.

Envisage-t-on la création d’entreprise en Grèce comme un moyen de s’en sortir face à la crise ?

Non, ici ce n’est pas une règle pour s’en sortir. Mais dans le même temps, la crise ne va pas empêcher de créer quelque chose de nouveau. Je dirais qu’en Grèce, c’est encore possible de créer son entreprise et que l’on peut même aussi profiter de la crise. C’est ce qu’il s’est passé en 2009, lorsqu’une agence de publicité a profité du départ de Leo Burnett, - la filiale de Publicis qui a quitté le marché grec à cause de la situation qui se dégradait déjà beaucoup -, en récupérant une partie de ses affaires.

Les démarches pour créer son entreprise sont-elles faciles ?

Elles ne le sont absolument pas. C’est d’ailleurs l’un des problèmes les plus graves de notre économie que les experts de la troïka (la mission mandatée par le FMI, la BCE et l’UE ndlr) ont d’ailleurs souligné lors de l’une de leur dernière visite dans notre pays. Ici, créer son entreprise, c’est presque une torture. La lourdeur et l’importance de la bureaucratie est inimaginable, même pour un entrepreneur de l’Europe du Nord qui se plaint aussi parfois des démarches à accomplir. Pour illustrer cette difficulté, nous racontons souvent l’histoire de ce promoteur grec dans le Péloponnèse qui avait prévu de faire construire plusieurs hôtels dans un endroit magique de la région. Pour y parvenir, cela lui a pris dix ans et, après les avoir comptés, il a dû signer... 20.000 documents à l'administration. Imaginez alors un peu pour un simple entrepreneur !

D’autre part, la corruption qui sévit dans notre pays touche évidemment la création d’entreprise. Généralement, l’entrepreneur a la possibilité de percevoir des fonds de la communauté européenne. Mais avant cela, il y a des fonctionnaires qui sont chargés de juger de la qualité du projet. Cette mission ils la remplissent avec un message à peine dissimulé : « Si vous voulez que le projet soit retenu par l’UE, il nous faudra 100.000 euros en contrepartie ».
La culture entrepreneuriale est-elle dans l’ADN grecque ?

Oui, je le crois. Les Grecs ont dans leur nature le goût du talent et celui de la prise de risque. Le milliardaire Aristote Onassis, l’armateur et ancien époux de Jacqueline Kennedy est pour nous un exemple de réussite. Je crois donc que les Grecs sont de vrais entrepreneurs. Mais dans le même temps, une mentalité un peu primaire persiste chez les gens ; avec l’idée selon laquelle les entreprises utilisent le capitalisme pour réussir et que c’est mal. Pour eux, c’est mauvais de gagner de l’argent.

Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

De l’extérieur, il faut comprendre la mentalité de mon pays. Il a été profondément marqué par la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, à la fin du Moyen-Age. Depuis cette date, le pays a appris à se plier à cette autorité. Lorsqu’il se réveille, en 1880, il est complètement perdu. Pendant des années, il est façonné par une mentalité, celle de l’Orient. Et avec elle, une certitude : l’Etat est un ennemi. Pendant 400 ans, la Grèce n’a pas eu la possibilité d’embrasser tous les changements économiques et culturels qui ont fait la force de l’Europe du Nord. Aujourd’hui, elle essaye de rattraper ce retard. Mais comprenez que, ne pas payer ses impôts à l’Etat, c’est quelque chose de tout à fait normal ici. Voilà pourquoi je sais que nous sommes de vrais entrepreneurs : nous aimons agir individuellement. Le revers de la médaille est que nous ne sommes pas bons collectivement. Les Grecs ne comprennent pas que l’intérêt individuel doit passer avant par l’intérêt général. En, d’autres termes, pour se réaliser, il faut un environnement favorable.

Quelles sont les attentes des entrepreneurs grecs ?

Il faut en finir avec la bureaucratie. Cela passe par une simplification de notre système de taxes qui est très injuste et corrompu : ceux qui payent sont ceux qui payent beaucoup trop par rapport à ceux qui ne payent rien du tout. Il faut ensuite baisser les impôts des entreprises et
Conseilleriez-vous à un entrepreneur français de venir s’installer en Grèce ?

Il faut du courage. Mais la crise offre de nombreuses opportunités dans tous les domaines. Par exemple, je constate l’ouverture de nombreux « Hub », ces espaces en commun ou incubateurs. Les entreprises ferment et les espaces se réaménagent pour de plus petites entreprises logées sur un même espace. Néanmoins, ce qui lui manquera cruellement sera le nombre de Business Angels potentiellement intéressés par son projet. Il n’y a plus beaucoup d’argent dans notre pays pour soutenir les projets prometteurs.
mieux répartir l’impôt en faisant payer tout le monde.



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