TOUT EST DIT

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vendredi 17 août 2012

Les censeurs de prière et autres lanceurs d'anathèmes républicains croient-ils vraiment que l’Église construit ses discours sur l'air du temps?

Dans sa prière pour la France de l'Assomption, l’Église catholique a pris position contre le mariage homosexuel, s’attirant les foudres de nombreuses associations. Mais pourquoi l'Église renierait-elle une position qui est la sienne depuis toujours ?
Tous les étés on y a droit. Les aoûtiens anti-cathos, sans doute lassés du soleil et des plages, aiment à brûler du catho. L'an passé c'était le coût, soi-disant exorbitant, des JMJ espagnoles ; cette année c'est une prière, une simple prière pour la fête du 15 août, de celle qu'on dit dans des églises ouvertes à tous et à toutes - les même que celles qui accueillent les sans-papiers et les Roms -, initiée par la Conférence des évêques de France (connue pour être un affreux repaire de dangereux extrémistes) et qu'on déforme à loisir pour satisfaire un scandale qui n'en est pourtant pas un.
Avant de critiquer et de lancer des anathèmes républicains, encore faut-il avoir quelques connaissances religieuses - et je ne parle pas là de la position, pourtant identique, des religions musulmanes et juives sur la question de l'homosexualité... Cette prière proposée par les Evêques de France, contenant quatre intentions, est une prière universelle;  liturgiquement : la prière que les fidèles adressent à Dieu pour le monde lors de la célébration de la messe;  traditionnellement, on y prie pour les souffrances dans le monde, pour les plus pauvres, les plus démunis, les plus fragiles, les plus exposés à la violence; elle permet aux fidèles de porter des intentions de l'Eglise, de tous les hommes, et les leurs en particulier, en fonction de l'actualité.
Au passage, la solennité du 15 août célèbre l'Assomption de la Vierge Marie - un jour férié d'ailleurs, rappelons-le aux laïcards qui ont pu faire la grasse matinée ce jour-là -; la Vierge Marie est Celle qui intercède entre les hommes et Dieu, Elle est la Consolatrice par excellence selon la foi catholique. Première évidence : si on ne croit pas à la Vierge Marie, qu'est-ce que cela peut bien faire à ces incroyants que les chrétiens la prient comme bon leur semble. Ça rappelle les athées qui s’immiscent dans le débat sur la messe en latin : en quoi cela les concerne véritablement ?
Et voilà que cette prière, à laquelle invitent les évêques de France, après avoir souligné le respect de vie - qui est contre ? - et la nécessaire attention sur les victimes de la crise économique - qui est contre ? -, demande à ce que "les enfants cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes" - qui est contre ? - et puissent "bénéficier pleinement de l'amour d'un père et une mère" - qui est contre ?
Au passage, chacun aura noté que ni le mot mariage ni le mot homosexuel n'est mentionné dans cette prière ce qui montre combien les réactions sur ce texte font apparaître une exacerbation dramatique des passions et la stigmatisation de mauvaise foi de toute position dissidente annonciatrice d'un refus de tout débat futur.
Le raccourci est immédiat : l’Eglise est contre le mariage homosexuel, donc contre les homosexuels. Fermez le ban.
Et on feint - une fois de plus - de découvrir l'eau tiède en ce qui concerne la position de l'Eglise catholique sur le mariage et sur la famille.
Qu'attendaient donc certains médias, les associations militantes homosexuelles et autres auto-considérés bien-pensants ? Que l'Eglise de France, fille aînée de l'Eglise, dise ce qu'elle n'a jamais dit jusqu'à présent depuis 20 siècles, tout ça parce qu'un simple projet de loi sur le mariage homosexuel est proposé et risque d'être adopté en 2012 par une majorité politique qui ne sera plus la même d'ici quelques mois ou quelques années ? Qu'on considère qu'une loi en préparation doive empêcher un magistère multiséculaire, celui-là même que d'aucuns, du haut de l'autorité que leur confèrent leurs quelques trente ou quarante ou cinquante années, qualifient allègrement et abondamment "d'archaïque", de réaffirmer, ne serait-ce que spirituellement et liturgiquement, son attachement à un fondement de notre société - et osons dire de nos civilisations - en dit long sur le relativisme qui s'installe comme un nouveau Mammon.
Ah oui, au passage, "archaïque" signifie : ancien, qui n'est plus en usage. N'est-ce plus en usage que de souhaiter à nos enfants de ne plus "être l'objet de désir ou de conflit des adultes" ? A qui veut ont faire croire qu'il n'est plus "bénéfique d'avoir un père et une mère" au prétexte de statistiques récentes et sans recul sur les familles monoparentales en oubliant que la filiation d'un père et d'une mère n'est en rien effacée par ces situations de fait ? Par quel habile tour de passe-passe idéologique veut-on nous faire accroire qu'en une poignée d'années, le modèle familial, qui a eu cours depuis plusieurs millénaires, a disparu alors que même les dinosaures, archaïsmes des archaïsmes, ont mis bien plus que le temps qui nous sépare de mai 68 pour disparaître ?
L'Eglise croit et prophesse qu'un homme est né d'une vierge, est mort crucifié sur une croix et est ressuscité alors qu'il était Fils de Dieu, ceci est bien plus scandaleux et invraisemblable que tout le reste, alors, s'il vous plaît, Messieurs les censeurs, indignez-vous pour vos pauvres idées, mais laissez les autres, qui s'adressent à leur Dieu, croire en ce qu'ils n'ont cessé de croire. Puisque cela ne vaut apparemment même pas un débat au vu de vos réactions, cela vaut au moins une petite prière que chacun, d'ailleurs, reste libre d'adresser ou pas. Au mieux ils auront eu raison, au pire cela ne servira à rien et ne changera pas le monde. Un nouveau pari pascalien en quelque sorte.

LA RÉPUBLIQUE N'A RIEN A DIRE DE LA RELIGION, 
LES DEUX ÉTANT SÉPARÉES.

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