samedi 14 juillet 2012
PSA : incantation et impuissance
PSA : incantation et impuissance
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, n’accepte
pas, « en l’état », le plan de 8000 suppressions de postes présenté hier
par PSA Peugeot Citroën. Voilà qui est dit. Et après ? Après, le
problème reste entier. PSA perd des ventes (près d’une voiture sur cinq
en moins au premier semestre sur le marché européen) et de l’argent. Le
groupe connaît peut-être la pire crise de son histoire. On peut sans
doute lui reprocher des erreurs stratégiques, notamment celle d’avoir
refusé pendant des décennies toute grande alliance capitalistique du
style Renault-Nissan, qui a fait entrer son concurrent français dans le
monde des très grands constructeurs. Faut-il pour autant lui « déclarer
la guerre », comme le fait la CGT ? Si PSA ne parvenait pas à rétablir
ses comptes, le crash pourrait se chiffrer à bien plus d’une fermeture
d’usine.
Peugeot paie aujourd’hui un pari industriel contraire à
celui de Renault : celui de produire majoritairement en France. Renault a
fermé son site historique de Billancourt en 1992 sans réinvestir
puissamment dans ses autres usines hexagonales, mais d’abord en Espagne,
Slovénie et Turquie. Peugeot est resté à Sochaux, et a gardé jusqu’à
maintenant l’ensemble des usines héritées des différentes marques
agglomérées au gré de ses rachats : Aulnay et Rennes (Citroën), Poissy
(Simca) sont venus compléter les capacités de production de l’Est de la
France.
Le recul du marché automobile européen et le
positionnement en gamme moyenne de la production Peugeot et Citroën
pénalisent ce choix patriotique. Les constructeurs allemands ont gardé,
comme PSA, l’essentiel de leur production sur leur territoire, mais avec
une nuance de taille : ils n’ont cessé, depuis dix ans, de monter en
gamme, ce que n’a pas suffisamment fait le groupe français. Sa situation
résume dramatiquement celle de l’industrie tricolore tout entière : un
grand savoir-faire, mais une difficulté à viser résolument l’excellence.
La gamme DS de Citroën connaît un beau succès. Hélas, elle est arrivée
bien tard pour concurrencer les cossues berlines allemandes.
La
prime à la casse du gouvernement Fillon n’a été qu’une rustine pour
masquer les faiblesses du secteur automobile français. Le nouveau plan
de soutien en préparation sera-t-il plus offensif à long terme ? On peut
en douter à la vue des réactions de l’Élysée, de Matignon et de Bercy,
hier, marquées d’abord par l’incantation… et l’impuissance.
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