TOUT EST DIT

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samedi 7 juillet 2012

Mobilisation générale 


Pour une fois, tout le monde en convient, la situation économique du pays est désastreuse. Cela ne date pas d'aujourd'hui.M. Fillon, tout nouveau Premier ministre, n'avait-il pas déclaré : « Je suis à la tête d'un État en faillite ! » Il semble qu'il ait été aussitôt rabroué. En tout cas, le mot faillite ne fut plus jamais prononcé. Aujourd'hui, faudrait-il à nouveau utiliser ce mot inquiétant ? Ne faudrait-il pas l'appliquer à plusieurs États européens ?
Mais revenons à la France. Un arbitre insoupçonnable vient de se prononcer : la Cour des comptes. Son président, le socialiste Didier Migaud, nommé à ce poste par le président Sarkozy, juge la situation extrêmement grave : « La France est tenue de faire face simultanément à deux déficits, l'un affectant ses dépenses publiques, l'autre sa compétitivité », a-t-il déclaré au journal Le Monde (1).
Le Premier ministre est évidemment bien éclairé sur la question et va s'efforcer d'y faire face. C'est bien sûr le but du train de mesure en cours, du tour de vis fiscal et des économies qui vont être appliquées. C'est la raison de cet appel pathétique à la « mobilisation générale ». En effet, pour sortir de l'ornière, il faudra bien que tout le monde s'y mette. Mais si l'on veut y parvenir, il faut quand même oser appeler un chat un chat. Autrement dit, nous entrons bel et bien dans une période d'austérité qui sera probablement longue. Nous devrons pratiquer la rigueur et ce n'est pas en escamotant ces mots, comme on l'a fait depuis cinq ans, que l'on épargnera les citoyens et qu'on stimulera leur énergie. Au contraire, on risque de faire croire que la situation n'est pas si grave.
Rigueur et austérité
Pour réussir cette « mobilisation générale », il faut aussi éviter de stigmatiser une partie des citoyens, les riches, par exemple, qui ne sont pas, comme certains le prétendent, la cause de tous nos maux. La crise est passée par là. Selon le journal Les Échos, elle a interrompu aussi la forte croissance des hauts revenus. S'il convient cependant de dénoncer les scandales qui demeurent dans certains domaines, il faut éviter de laisser croire de façon démagogique que la ponction des plus aisés résoudra les difficultés. Didier Migaud met en garde : « Les hausses d'impôt ne doivent pas paralyser la compétitivité des entreprises. » Et n'oublions pas l'adage : « Trop d'impôts tue l'impôt ... »
Il importe aussi de favoriser les prises de conscience nécessaires et de dissiper les illusions qui nous feraient croire que notre pays est supérieur aux autres. Ainsi déclare encore Didier Migaud : « Pour la santé, l'éducation, la formation professionnelle par exemple, la France dépense bien plus que des pays dont les résultats, dans ces domaines, sont pourtant sensiblement meilleurs que les nôtres... L'idée que toute réponse à un problème réside dans un supplément de moyens y est également répandue. Elle n'en est pas moins largement fausse. » (1) Cette idée est en effet largement répandue et pas seulement dans la fonction publique.
De toute manière, si nous voulons éviter un grand déclin, nous n'avons plus le choix. Comme concluait encore Didier Migaud dans son entretien, citant Paul Valéry, il faut avoir à l'esprit que « la plus grande liberté naît de la plus grande rigueur ».

(1) Le Monde, 03/07/2012

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