Ça ne va pas prendre longtemps avant que les marchés ne se
rendent compte qu'il ne va pas y avoir de versements sérieux d'argent
aux banques espagnoles avant l'année prochaine, et encore, sous les
conditions les plus strictes.
Il n'y a pas 24 heures que j'ai écrit ma première réponse
au Conseil Européen, pour me retrouver immédiatement fermement
contredit par le torrent des médias. Mais maintenant, nous avons un
commentateur dans le Spiegel qui revient sur ses réflexions.
Il s'agit de Christian Rickens, chef du département économie au
Spiegel Online, qui a passé en revue les idées reçues, et décidé que la
"défaite" de Merkel n'en est pas du tout une. C'est bien, décide-t-il,
une "victoire tactique".
Permettre les prêts directement aux banques Espagnoles, affirme-t-il,
est une concession raisonnable, puisque ça n'a vraiment aucun sens de
prêter de l'argent bon marché à l'Espagne pour sauver ses banques, alors
que ça ne ferait qu'augmenter la dette souveraine du pays, et ferait
monter les taux d'intérêts que devrait payer Madrid pour émettre de la
nouvelle dette.
Mais il relève également ce qui n'était évident que pour ceux qui
avaient réellement lu la déclaration, "que l'aide commencera seulement à
couler en direction des banques quand un mécanisme de supervision
bancaire européen effectif, sous les auspices de la BCE, aura été mis en
place". Et, écrit Rickens, "ça va prendre du temps".
Avec une évidente compréhension de la politique, Rickens observe
ensuite que Monti et Rajoy sont les alliés de Merkel pour sécuriser les
réformes, à tel point qu'ils font face à une forte résistance à la
maison. En Italie, cependant, les élections sont prévues pour le
printemps prochain. De ce fait, il était vital que Merkel laisse Monti
porter un coup ou deux.
De ce fait, la "victoire" de Monti était du théâtre pour les masses,
et comme les sots ignorants et crédules qu'ils sont, les journaleux sont
tombés dans le panneau, ayant avalé l’hameçon, la ligne et le bouchon. Le parallèle avec le football était l’appât, et ils ont mordu sans que le moindre neurone ne s'allume en eux.
Graduellement, certains commentateurs commencent à réaliser
qu'ils se sont fait avoir. Ça ne va pas prendre longtemps avant que les
marchés ne se rendent compte qu'il ne va pas y avoir de versements
sérieux d'argent aux banques espagnoles avant l'année prochaine, et
encore, sous les conditions les plus strictes.
D'autres vont alors réaliser, comme c'est déjà le cas de certains,
que les fondamentaux n'ont pas le moins du monde changé, et que les
"collègues" ont vendu le passe-partout, en esquivant le fait de pousser
des mesures qui auraient exigé un changement des traités.
Ensuite, les marchés vont se réveiller, et nous serons de retour dans
la spirale de la mort dont Herman Van Rompuy dit essayer de sortir,
sans rien faire de réel pour améliorer la situation.
Au moins, cependant, Merkel peut dormir heureuse sur ses deux oreilles. Elle a son pacte fiscal ratifié
au Bundestag, et son MES, par une majorité massive. Sur 604 votants,
493 ont voté pour le MES, 106 contre, et 5 se sont abstenus. À peu
d'exceptions près, les partis de sa coalition, CDU/CSU - FDP, et
l'opposition SPD - Verts, ont tous voté pour le pacte. Die Linke
(équivalent, et inspiration, du FdG en France, NdT) a voté contre.
Avec malice, certains dans l'opposition avaient, plus tôt, appelé à un délai supplémentaire, et les chiffes molles de médias avaient gobé leur propre propagande et cru que Merkel avait vraiment des problèmes.
Avec des Unes comme celle-ci,
cependant, les leçons qui nous parviennent avec une clarté absolue,
sont que les seuls gens à qui nous avons à faire encore moins confiance
qu'aux politiciens sont les journalistes, qui nous relatent leurs faits
et gestes. Cette semaine, il ont coulé encore plus bas.
dimanche 1 juillet 2012
Merkel : défaite, ou victoire tactique ?
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