dimanche 1 juillet 2012
"Hollande, le temps des désillusions"
Pour Philippe Tesson, les électeurs du chef de l'État vont payer au prix fort ses décisions.
Durant sa campagne, François Hollande
avait annoncé que l'augmentation du nombre de fonctionnaires dans
l'Éducation nationale se ferait dans le cadre d'une stabilisation des
effectifs de l'ensemble de la fonction publique, ce qui impliquait, par
compensation, des réductions de personnels dans les autres ministères.
Il ne faut donc pas s'étonner de la décision prise par le gouvernement
d'une baisse de 2,5 % par an des effectifs des départements autres que
l'Intérieur, la Justice et l'Éducation, considérés comme prioritaires
par le nouveau pouvoir. Au moins celui-ci tient-il parole sur ce sujet.
Dont acte.
L'opposition serait mal venue d'y trouver à redire. Il y
a d'autres angles d'attaque que celui-ci. Il est maladroit de contester
une mesure qui va dans le sens de la rigueur, quand de surcroît elle
répond à une promesse, et de reprocher en même temps son laxisme au
gouvernement. Ce systématisme affaiblit le procès, légitime cette fois,
que l'on peut et que l'on doit faire à celui-ci lorsqu'il est pris en
flagrant délit de libéralité. Dans le cadre d'une politique d'ensemble,
une telle décision manque peut-être de cohérence, mais en soi elle est
bonne. Tout ce qui contribue en effet à augmenter la dépense publique
est mauvais - est-il nécessaire de créer 60 000 postes dans l'Éducation ?
Tout ce qui contribue en revanche à la réduire est bon.
La
décision annoncée par le gouvernement de diminuer de 15 % en trois ans
les dépenses d'intervention et de fonctionnement de l'État suscite déjà
des protestations parmi les électeurs de François Hollande, et pas
seulement de la part du Front de gauche.
Qu'espéraient-ils ? Que le nouveau président ne respecte pas ses
engagements ? Ils ne sont pas au bout de leurs désillusions. Que déjà
Hollande et son gouvernement accusent une baisse aussi sensible dans les
sondages suffit à prouver leur naïveté.
Était-ce la peine de rejeter Sarkozy ?
On peut être assuré que de la même façon les promesses de nature
fiscale seront bel et bien tenues et même davantage. La semaine qui
s'annonce va être pleine d'enseignements à cet égard. On saura quelle
part exacte va représenter l'impôt dans les quelque 10 milliards d'euros
nécessaires pour boucler le budget. Elle dépassera les désespérances !
Si cette pression pèse abusivement sur les entreprises, c'est l'économie
tout entière qui en fera les frais. Si elle pèse abusivement sur les
particuliers, ce sera la consommation. Dans les deux cas, la croissance
en pâtira, et les premières victimes en seront les électeurs de François
Hollande, plus exposés au chômage que les "riches". Était-ce la peine
de rejeter Sarkozy ?
Qui risque de bénéficier, en termes politiques, de cette équation, sinon le FN
? Quel choix reste-t-il au peuple quand il ne veut plus de la droite et
qu'il est déçu par la gauche ? L'électorat de base n'entre pas dans les
considérations relatives au lien qui unit le problème français au
problème européen. Les plus défavorisés réduisent leur raisonnement à
leur intérêt immédiat et on les comprend. À leurs yeux, qui profite au
premier chef du compromis conclu hier à Bruxelles, sinon l'Espagne et l'Italie? Là encore, la promesse fanfaronne de Hollande de faire plier Angela Merkel
a fait long feu, même si le président français a reçu quelques gages de
la part de la chancelière allemande. En tout domaine, le principe de
réalité s'impose désormais à Hollande, si peu de temps après son
élection. Il doit s'y soumettre, et commencer par adapter son discours à
la vérité. Ce n'est plus d'effort qu'il faut parler, mais de rigueur et
de discipline. Enfin prononcer ces mots.
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