lundi 16 juillet 2012
Comment pourrait-on sauver l'industrie française avec les entreprises les plus chargées de l'OCDE
Pire que le coût du travail dans
l'industrie en France évoqué par Philippe Varin le patron de Peugeot,
c'est le taux d'imposition globale sur les entreprises tricolores qui
les pénalise lourdement. Au taux d'imposition allemand, nos entreprises
disposeraient chaque année de 160 milliards d'euros supplémentaires pour
investir et innover.
Monsieur Varin, avec votre rémunération annuelle de 3.25 millions d'euros [chiffre pour 2010; en 2011 Philippe Varin a renoncé à la part variable de sa rémunération, NDLR]
en tant que dirigeant du groupe PSA Peugeot Citroën, vous pourriez au
moins mieux communiquer sur les problèmes des entreprises françaises.
Monsieur
Varin met en avant l’argument du coût du travail dans l’industrie. Il a
sans doute raison. Parmi nos partenaires européens, le coût du travail
français est légèrement supérieur. Il est aussi supérieur au coût du
travail dans l’industrie aux Etats-Unis et évidemment dans un rapport de
1 à 10 par rapport à la Chine.
Mais c’est notre taux d’imposition global sur les entreprises qui est le plus fort de tous les pays de l’OCDE.
Nous
devons financer un système social très avantageux si on le compare aux
dépenses sociales de nos partenaires européens et qui pèse
essentiellement sur le coût du travail. Par ailleurs, se rajoute à ce
coût pour l’entreprise les multiples taxes diverses (logement,
transport, dépendance, environnement etc…) qui tiennent au génie
français. Globalement, les entreprises françaises sont les entreprises les plus chargées au monde.
Les entreprises allemandes sont ainsi moins chargées de 8% de PIB que les entreprises françaises ;
ce qui veut dire que chaque année les entreprises françaises, au taux
d’imposition allemand, auraient 160 milliards de plus pour investir,
innover, monter en gamme particulièrement dans l’automobile ou dans
d’autres secteurs industriels.
Les subventions
publiques qui créent le plus souvent des effets d’aubaine ou les
interventions publiques en capital développement – via le FSI ou via
les milliards d’une future banque d’investissement – sont certes
nécessaires mais elles sont bien incapables de remédier à cette
situation de surtaxation généralisée. Les montants des aides diverses
seront inférieurs à ce qui est laissé aux entreprises dans les autres
pays et toute subvention met l’Etat à la place de l’entrepreneur ; il ne
sait pas forcément mieux que l’entrepreneur ce qu’il faut faire… ainsi
nos crédits recherche ont servi à délocaliser la recherche en Chine avec
des subventions bien françaises….
Pourtant il est possible d’alléger le coût du travail.
Avec une TVA à la danoise à 25%, mais aussi avec des recettes nouvelles
de 15 milliards correspondant à la suppression de niches fiscales
dénoncées périodiquement, on est en mesure de financer une augmentation
de 4% de tous les salaires (pour
un montant de25 milliards) tout en diminuant les charges des
entreprises de 25 milliards également. Il serait évidemment possible,
avec ce dispositif, d’augmenter bien plus les salaires de 1 à 3 smic.
Il
faudra alors que face à la nouvelle demande, il y ait une offre
compétitive de produits français, ce qui est possible avec le souhait du
consommateur français d’acheter d’abord français. Nous avons déjà en
effet le déficit de la balance commerciale le plus élevé de la zone
euro, il ne s’agit pas, en effet, de l’augmenter par des achats
étrangers.
On peut certes aussi transférer une partie du coût du
travail vers la CSG qui pèse sur tous les revenus – mais c’est sans
doute moins juste - et il faudra sans doute la TVA et la CSG si on veut
retrouver notre compétitivité par rapport à nos voisins européens.
Restera
le problème de la perte des emplois manufacturiers dans tous les pays
industrialisés – y compris en Allemagne – par rapport aux pays
émergents.
Sans une forme de protection à nos
frontières, uniquement conçue pour rétablir une concurrence loyale,
peut-on maintenir nos emplois industriels. Poser la question, c’est déjà
y répondre !
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