mardi 26 juin 2012
Rigueur : les gentils de gauche délivrent du mal, les méchants de droite punissent
et font souffrir le peuple...
"La rigueur de gauche,
s'il y en a une, est juste, elle n'est pas idéologique, injuste et
punitive comme la rigueur de droite et évidemment, elle a vocation à
s'arrêter rapidement, l'austérité n'est la solution à aucun des
problèmes." - phrase attribuée à l'Elysée, citée par le JDD du 23 juin 2012.
La
gauche, grâce à Lionel Jospin, avait déjà donné à la France
l’inoubliable figure de «l’austère qui se marre». François Hollande
vient de lui ajouter la rigueur qui délivre du mal.
Car,
dans la déclaration élyséenne sus-reproduite, tout est dit et tout est
affaire de morale. D’un côté, le camp du bien, celui dont la politique
de rigueur n’est pas une question d’idéologie mais de bonne foi et même
de foi tout court. Gouvernés par des dirigeants agissant pour la
justice, c’est en pensant à l’égalité sociale et aux lendemains qui
chantent que les Français devront se serrer la ceinture.
De
l’autre côté : les méchants de droite, qui veulent punir, faire
souffrir le peuple par pur plaisir ou pour assouvir d’obscurs desseins
de promotion des inégalités sociales.
Du
côté des gentils, la rigueur «s’il y en a une» (mais est-ce vraiment de
la rigueur puisqu’elle n’est là que pour le bien public ?), ne va pas
durer. Rapidement, elle s’arrêtera car l’horizon est toujours lumineux
et dégagé pour qui croit à la bonne volonté de la gauche et de ses
dévoués dirigeants. On ne sait précisément quand cette félicité
reviendra, mais le temps est aboli quand on est dans la Vérité.
Du
côté des méchants, on frémit devant les sombres perspectives d’une
rigueur sans fin qui s’abîme dans une terrifiante austérité. C’est un
gouffre sombre et noir dont on ne peut voir le fond.
Point
n’est besoin de trop lever le voile du discours pour retrouver les
figurations du paradis et de l’enfer qui conditionnent la vision sociale
de cette gauche française qui, il y a une ou deux générations à peine,
baignait encore dans un catholicisme un peu rudimentaire.
Si
vous souffrez mais que vous êtes dans la vraie foi, celle qui adhère au
Dieu PS dont François Hollande est le nouvel apôtre, c’est pour votre
bien. La fin de la crise est pour bientôt, vous serez à nouveau dans
l’extase. Il y a un bien en soi et pour soi : la gauche est son
incarnation comme la droite sa négation.
Il
est extrêmement inquiétant, qu’un mois à peine après son arrivée aux
affaires, le président de la République en soit déjà à déserter le champ
de la rationalité pour tenter de se justifier par la simple morale.
Bientôt, en bon dogmatique, il nous expliquera que ses échecs et ses
déboires ne sont pas dûs à ses erreurs mais aux menées de ses opposants.
Puisqu’il est dans le bien, il ne saurait se tromper. A ce rythme, la
logique de diabolisation de l’adversaire politique ne va pas tarder à se
mettre en action. On nous parlera de mur d’argent, de déloyaux émigrés,
de complot ploutocratique. Les démons de la droite devront être
combattus par les tenants de la vraie foi.
Que
les grenouilles du bénitier socialiste se réjouissent : depuis
l’élection de leur nouveau pontife, il ne fait que pleuvoir sur la fille
aînée de l’Eglise.
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