mardi 26 juin 2012
Chronique d'une mort annoncée ? Recherche idées désespérément pour sauver l'Europe !
Dans l’œil des marchés : Jean-Jacques
Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi,
un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques
les plus en vue du marché.
Les marchés ont plus réagi à la perspective de
rachat de dette espagnole et italienne qu’à l’élection d’Antonis
Samaras, président du parti Nouvelle Démocratie en Grèce et à la
nouvelle « opération Twist » de Ben Bernanke, Chairman de la Fed. Il
faudra toutefois attendre le prochain conseil européen des chefs d’Etat
les 28 et 29 juin prochain pour avoir des détails sur l’implication de
l’EFSF, qui est une société privée qui fonctionne avec un système de
garanties des états et de l’ESM qui est une organisation
inter-gouvernementale qui dispose d’un capital de 80 Md€ lui permettant
de prêter 500Md€, ce qui serait insuffisant pour calmer les marchés. Christopher Wood, le stratégiste de CLSA à Hong Kong pense que une fois de plus l’Europe ne prendra pas, selon lui les bonnes décisions courageuses.
Jamais le climat n’a été plus hostile à l’entreprise européenne fait remarquer François Lenglet dans Le Point.
François Hollande entendait mutualiser les dettes tout de suite, tandis
que Angela Merkel a toujours considéré que cette étape devait être le
couronnement d’un long chemin où chacun devait faire ses preuves. Sur
les euro-obligations la France a donc été obligée de faire marche
arrière en s’alignant sur la position allemande qui considère qu’elles
sont pour le moment, selon la Cour constitutionnelle de Karlsruhe
anticonstitutionnelles.
Un mécanisme de garantie des émissions des états souverains par la BCE est proposé par Pierre Lagrange gérant et cofondateur de GLG. La
garantie d’une durée de 5 ans coûterait à l’émetteur une commission
d’assurance de 0,50%. Ce dispositif s’inspirerait de celui qui a été mis
en place en Italie par Mario Monti et pourrait être lancé
beaucoup plus rapidement que les Eurobonds. Il permettrait aux états de
lever de l’argent dans de bien meilleures conditions de taux
qu’actuellement.
L’Autorité Fiscale Européenne (European Fiscal Authority EFA) est une autre idée proposée par George Soros, président de Soros Fund Management.
Elle consisterait à créer une Caisse d’Amortissement qui achèterait
de la dette souveraine en contrepartie de l’engagement ferme de procéder
à des réformes structurelles. Cela permettrait de sortir par le haut du
débat entre les positions allemandes et les positions françaises qui
sont actuellement figées.
Si la France persistait
sur l’idée de prendre la tête des pays latins en revenant à la
dévaluation et à l’injection à forte dose de liquidités, François Xavier Chauchat de GaveKal Paris,
rappelle que cette stratégie n’a jamais permis dans l’histoire de
délivrer une croissance économique durable, si elle n’était pas
accompagnée d’un ensemble de réformes.
Les grands fonds de gestion
investissaient entre 40 et 50% de leurs fonds en actions. Cette part
est tombée à environ 20%. Le niveau de liquidités étant très important, Patrick Legland directeur de la recherche de la Société Générale
pense qu’à la moindre bonne nouvelle, ils devront modifier leur
allocation en faveur des actions. Ce mouvement risque d’être encore
amplifié par le fait que de nombreux fonds spéculatifs sont vendeurs à
découvert d’actions.
En Europe, la croissance de la zone Euro a été revue à la baisse par Andrew Garthwaite du Crédit Suisse :
-0,5% en 2012 et juste 0,5% en 2013. La croissance des résultats des
entreprises a également été ajustée à -1% pour 2012 et + 2% en 2013
alors que le consensus est encore à + 14% (+12% hors financières)
En France on assiste à une grande peur des PME explique François d’Orcival dans le Figaro Magazine.
Le « coup de pouce » sur le smic, la suppression de l’exonération sur
les heures supplémentaires et le retour, même limité à la retraite à 60
ans pèseront sur la compétitivité des entreprises. Tout cela ne pouvant
qu’accélérer la disparition déjà en cours des actionnaires, car les
dividendes versés par les entreprises supporteront semble t il une
surtaxe de 3% ! qui devrait rapporter 800M€ à l’état. A cela
s’ajouterait une taxe de 20% sur les sommes versées aux salariés dans le
cadre de l’intéressement et de la participation. Comme le fait
remarquer Jérôme Dedeyan de la société Debory, cette mesure va
toucher en priorité les 9 M de personnes qui recevait de leur entreprise
une somme de 2000€ en moyenne. Quand on a pour ambition légitime de
rééquilibrer la rémunération du travail et du capital, on comprend mal
comment on peut augmenter la fiscalité pesant sur ce dispositif ! Ce qui
est assez cocasse, c’est l’augmentation prévue du taux de TVA entre 0,4
et un point, qui passerait à 20% ou 20,6%. Le rendement serait de 3 à
7Md€ pour l’état. A peine supprimée pour des raisons idéologiques, la
« TVA sociale » prévue par Nicolas Sarkozy ressusciterait donc sous la
forme d’une augmentation de la « TVA normale » !
La lecture de l’article de Kira Mitrofanoff dans Challenges « Ces
PME qu’on asphyxie » montre bien que les mesures envisagées vont se
traduire par une destruction très importante d’emplois. Le Medef
a lancé a aussi lancé de son côté, une alerte sur la santé des
entreprises françaises dont les marges baissent (28,6% en 2011 contre
31,7% en 2007). Il redoute un véritable étranglement fiscal des
entreprises moyennes. The Economist dans un article intitulé
« Adieu la France » fait état de plusieurs grands groupes qui seraient
en train d’étudier leur délocalisation à Londres. Ils ont probablement
bien assimilé une déclaration sur les rémunérations de Jimmy Goldsmith, grand financier franco britannique des années 80. Il disait « si vous payez vos collaborateurs avec des cacahuètes, tout ce que vous aurez ce sont des singes ».
Les français qui n’y ont absolument pas été préparés
pendant la très longue campagne électorale, ont pour la première fois
eus droit à des « fuites » sur les coupes que le gouvernement
s’apprêtait à faire dans les dépenses de l’état. La rigueur de gauche
est inévitable et devra être expliquée. Il faudra concilier les propos
de Jean Marc Ayrault Premier Ministre « Il faut dire la vérité aux français, la situation est difficile » et ceux de Pierre Moscovici Ministre de l’économie « Le redressement doit se faire dans la justice et sans austérité ».
En Espagne, Bruno Cavalier stratégiste chez Oddo
propose avec un peu de provocation, de la laisser tomber, car tout ce
qui sera alloué à l’Espagne risque de réduire les moyens de défense pour
les pays dont la situation est moins critique.
Aux Etats Unis, Obama ne sera pas réélu pense Charles Gave de GaveKal à New York.
Il fait remarquer que l’influence des démocrates qui occupe le monde de
la culture, des médias et des grandes universités commence à être
battue en brèche par l’émergence des think tank et des réseaux sociaux.
Dans un article de Foreign Policy « Les guerres secrètes
d’Obama » l’influent magazine diplomatique montre qu’Obama « est le
président américain qui a approuvé le plus de frappes ciblées de toute
l’histoire des Etats-Unis. Aujourd’hui 42% des Américains se
reconnaissent comme conservateurs tandis que 35% se disent indépendants,
alors que 20% se disent « libéraux », ce qui dans la terminologie
politique américaine veut dire de gauche.
La Chine et le Brésil ont
engagé leurs banques centrales respectives dans un swap de 30Md$. Cet
accord montre le désir du gouvernement chinois d’accorder des lignes de
crédit à ses partenaires commerciaux, ce qui fait partie de la montée en
puissance progressive du Renminbi comme monnaie de réserve. L’indice PMI chinois est au plus bas depuis 8 mois. La Chine entame une phase de transition à haut risque prévient une fois de plus Jean-Luc Buchalet Président de Pythagore Investissement.
Il vient d’ailleurs de publier « La Chine, une bombe à retardement ».
La Chine comme l’Espagne ont pu selon lui, bénéficier de taux d’intérêt
très faibles, ne correspondant pas à la réalité de leur économie, ce qui
a permis d’alimenter une bulle immobilière. Il est du même avis que Hugh Hendry le gérant d’Ecclectica, qui ne cesse d’être négatif sur la Chine depuis des mois.
En Asie, la meilleure performance revient à la zone Asie Pacifique (2%) grâce au Japon, (Nikkei +2,6%) qui a bénéficié de la baisse du yen. Sony et Panasonic
ont bondi respectivement de 13% et 10%. Mais en excluant le Japon,
l’indice n’a pas bougé. Certaines places ont terminé marginalement dans
le vert comme Taiwan (0.9%), d’autres dans le rouge comme la Corée (Kospi -0.6%) et Singapour (0,6%), les titres de négoce de matières premières agricoles poursuivant leur rebond. Hong Kong a cédé 1,24% pénalisé par des indicateurs médiocres sur la Chine et par la baisse de China Unicom (-12,4%).
Les obligations souveraines allemandes sont en fait des obligations convertibles dont la valeur de conversion n’est pas prise en compte explique Cyril Castelli le président de R Cube,
société de recherche indépendante basée à Paris. Il fait une analyse
intéressante qui part du précédent de l’Emprunt 7% 73, dont au départ
peu d’investisseurs avaient assimilé qu’il était indexé sur l’or. Il
explique qu’en cas d’éclatement de l’Euro les taux allemands à court
terme deviendraient fortement négatifs, la monnaie allemande serait
alors réévaluée d’au moins 25%. Le marché ne prendrait pas selon lui,
cette perspective.
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