TOUT EST DIT

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mardi 15 mai 2012

Sortir de l’euro : quels risques ?

Quitter la zone euro n’est plus un tabou. Les risques de contagion sont pourtant évidents. Et sa faisabilité paraît très complexe. Quant à l’image que cela donnerait de l’Europe… « Acropolis, adieu ! » Le très influent magazine allemand Der Spiegel n’y a pas été de main morte cette semaine en Une. L’hebdo explique avoir défendu jusqu’ici le maintien de la Grèce dans la zone euro, mais, depuis les élections législatives qui ont vu les extrêmes grecques percer de manière inquiétante, le Spiegel a changé d’avis. Bref, le tabou est tombé. Bien tombé. En France, avant de quitter son fauteuil des Finances, le ministre François Baroin a estimé le risque « absorbable ». Les Pays-Bas, eux, ont ouvertement étudié l’hypothèse d’une sortie grecque, « simplement pour des raisons de sécurité », a déclaré le ministre néerlandais des Finances Jan Kees de Jager. Avant eux, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a évoqué, sans détour, le retour à la drachme. Même le gouverneur de la Banque nationale Luc Coene s’y est risqué.

Ces discours sont-ils réalistes, relèvent-ils de « la propagande » (comme l’a asséné ce matin le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, affirmant qu’il « n'envisage pas une seconde que la Grèce quitte la zone euro ») ou contribuent-ils simplement à mettre la pression sur Athènes qui doit sortir de l’impasse politique dans laquelle les Grecs se trouvent, après les législatives de début mai ? Quel crédit peut-on accorder à ces augures ? Sortir de l’euro est-il concevable ? Depuis 2010, les engagements pris en faveur de la Grèce s’élèvent à 340 milliards d’euros, soit plus de 30 000 euros par citoyen grec. Environ 240 milliards ont été avancés par les Etats de la zone euro et le FMI. Le solde est une contribution des investisseurs privés. Cela fait beaucoup d’argent. Une sortie de l’euro s’apparenterait à un saut en benji pour lequel on ne serait pas certain de la longueur de l’élastique. L’affolement gagnerait en particulier les marchés obligataires et secouerait les dettes des pays les plus vulnérables, comme le Portugal, déjà sous perfusion. Lequel serait tenté de quitter l’euro à son tour pour dévaluer sa monnaie et devenir plus compétitif. Après le Portugal, l’Espagne…

Outre le risque de contagion, quitter le club euro ne semble pas simple. L’hypothèse n’est en tout cas pas prévue par le Traité de l’UE. En d’autres termes, il serait impossible de quitter l’euro. A moins de se retirer de l’Union européenne. Mais comme le Traité ne dit rien à ce sujet, les interprétations juridiques pourraient prendre des détours inattendus. Reste à voir comment passer de l’euro à une monnaie nationale dans le contexte financier actuel. Comment convertir les instruments financiers autres que les devises sans créer un chaos ? L’expérience serait inédite. Enfin, même si la zone euro pourrait se renforcer suite à une échappée grecque, c’est un goût d’échec qui prédominerait malgré tout. La construction européenne n’en sortirait pas grandie. L’image de l’Europe en prendrait un coup sur la scène et les marchés internationaux. Sortir de l'euro? Il faut bien calculer les risques...

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