TOUT EST DIT

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dimanche 6 mai 2012

Nos gouvernants tirés au sort ?


En attendant la démocratie parfaite qui n'adviendra jamais, n'oublions pas de voter aujourd'hui, au risque de laisser les autres choisir pour nous.
Les partisans de la clérocratie ne sont pas nombreux, et le mot pas très connu. Il vient du grec et désigne le choix par tirage au sort de ceux qui gouvernent la cité. On ne pariera pas sur l'adoption prochaine et systématique du hasard en lieu et place de l'élection, mais des gens sérieux accordent du crédit à ce mode de désignation.
Il est même évoqué par Montesquieu dans L'Esprit des lois : « Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie le suffrage par choix est de celle de l'aristocratie. »
L'idée fait surgir quelques objections, auxquelles ses partisans ont, évidemment, des réponses. Ils ne proposent pas que le prochain président de la République soit tiré au sort parmi les Français. Ils estiment que l'exercice de la fonction suprême nécessite des compétences et des qualités particulières, suppose une personnalité sinon anormale au moins exceptionnelle.
Ainsi, l'heureux élu par le sort devra se faire les dents au niveau municipal. S'il est - ou si elle est - compétent, il ou elle pourra être appelé aux fonctions d'administration d'un échelon supérieur.
Comme dans toute doctrine, on trouve la forme radicale, censée remédier à tous les maux du monde, et des versions allégées, aux ambitions plus mesurées.
Certains, par exemple, se contentent d'imaginer une deuxième assemblée, à la place du Sénat, constituée de citoyens tirés au sort, qui équilibrerait les pouvoirs de la première et proposerait l'examen de questions provenant directement du peuple, sans intermédiaire ni filtre.
D'autres proposent que, pour délibérer sur des sujets techniques, des assemblées d'experts tirés au sort soient constituées, mais à partir d'un très large éventail pour éviter l'influence de lobbys.
D'autres encore souhaitent que, à côté d'élus proposés à l'élection par les partis politiques, siège dans toutes les instances collectives un certain pourcentage de citoyens choisis au hasard, qui ne seraient plus des représentants du peuple, mais le peuple lui-même.
Le regain d'intérêt, même relatif, pour une pratique aussi ancienne que déroutante, est une indication supplémentaire des questions que se pose la société sur la façon dont ses choix, ses aspirations, ses craintes, ses espoirs, sont pris en compte par ceux qui légifèrent et ceux qui gouvernent.
Qu'on parle « d'établissement », de « système », ou « d'oligarchie », le doute s'est installé quant à la représentativité d'un personnel politique, en général de qualité, mais qui se serait éloigné, en se professionnalisant, de ceux qui l'ont choisi.
En attendant la démocratie parfaite qui n'adviendra jamais, n'oublions pas de voter aujourd'hui au risque de laisser, non pas le hasard, mais les autres choisir pour nous.

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