TOUT EST DIT

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lundi 7 mai 2012

Nicolas Sarkozy arrête définitivement la politique

Le président sortant Nicolas Sarkozy a confirmé lundi aux poids lourds de la majorité qu'il quittait la vie politique et livré son regard sur sa défaite.

De l'émotion. De la gravité aussi. Nicolas Sarkozy a reçu son comité de campagne lundi à 14 heures, à l'Élysée. Une vingtaine de personnes, dont François Fillon, Jean-François Copé, et les représentants des différentes sensibilités, ainsi que des ministres et ses principaux collaborateurs, dont sa plume Henri Guaino. Le président sortant les a reçus à l'heure dite. La réunion a duré une heure. Fatigué, le teint gris et les traits marqués, Sarkozy a toutefois fait bonne figure en se montrant calme et serein, au lendemain d'une défaite à laquelle il a cru jusqu'au bout pouvoir échapper. Il a une nouvelle fois confirmé qu'il arrêtait la politique: «Une page se tourne pour moi, a-t-il confié. Je ne serai pas candidat aux législatives, ni aux élections à venir.» Il a ajouté, dans un sourire: «Soyez rassurés, je renouvellerai ma carte (de l'UMP) et je payerai ma cotisation. Mais je quitte l'opérationnel.»
Pour être bien sûr qu'il avait compris, un ministre s'est tourné vers un proche collaborateur du président: «Ça veut dire qu'il arrête définitivement, c'est ça?» «Oui, c'est très clair, tu n'avais pas compris?», a répondu ce proche du président. «Il n'a pas voulu que cela soit brutal, comme Lionel Jospin, il l'a donc annoncé différemment dimanche soir aux militants», décrypte un ancien ministre.

«Ne vous divisez pas»

Le président sortant ne s'est pas montré amer. Il a jugé qu'il ne s'en était pas si mal sorti, eu égard à ses homologues européens, tous balayés par la crise. «Bien sûr, cela aurait été mieux de gagner, mais voyez comment ont perdu tous les sortants. Notre échec n'a pas été une humiliation, ce que prédisaient pourtant toute la presse et les sondeurs, dimanche compris…» Il a ajouté qu'il «aimait trop la vie pour être amer». Et recommandé à ses troupes de se montrer unies, en vue des législatives. «Ne vous divisez pas: des petits chefs, des petites équipes, ça tire tout le monde vers le bas.»
Sarkozy a reconnu que s'il ne tenait qu'à lui, il serait parti plus vite: «Si j'avais pu, je serais parti dès demain, mais il y a des traditions à respecter. Je les respecterai et la passation des pouvoirs aura lieu avec François Hollande, comme elle a eu lieu entre Jacques Chirac et moi», a-t-il noté en substance. Il a expliqué qu'il avait invité son successeur à venir à la cérémonie du 8 mai: «Quand on prend de la hauteur, on tire tout le monde vers le haut», a-t-il souligné.
Le président sortant est revenu sur la campagne: «une campagne dure, avec beaucoup de coups reçus». Mais il s'est félicité du résultat serré entre Hollande et lui. «Je vous l'avais dit, ça a été presque possible. Ce qui prouve que je ne vous avais pas menti. On n'était pas si loin.»
Nicolas Sarkozy a souhaité que la presse le laisse tranquille rapidement. «J'espère vivre un peu normalement, a-t-il conclu. J'ai perdu les élections mais les journalistes continuent de m'empêcher de faire un pas. Impossible de déjeuner au restaurant en famille. Je suis épié… J'espère qu'on me laissera un peu tranquille.» Il a conclu en disant: «On ne se quitte pas tout à fait, j'aurai le plaisir de vous revoir, pour parler du bon vieux temps.»

Nicolas Sarkozy a 57 ans. En se référant à la réforme des retraites qu'il a lui-même voulu, il n'a donc pas encore l'âge de partir à la retraite et, à l'instar de Valéry Giscard-d'Estaing qui a quitté l'Elysée à 55 ans, le président sortant peut encore faire quelques projets. Dimanche soir, devant ses militants de la Mutualité à Paris, il a expliqué que son "engagement" serait "différent", qu'il "serait toujours à leurs côtés". Les mots sont suffisamment ambigus pour laisser planer le doute. VGE ne s'était pas reconverti, poursuivant sa carrière à la tête de l'UDF et dans les arcanes de l'Assemblée nationale, où il occupait encore la présidence de la commission des Affaires étrangères en 1997, avant l'arrivée de la gauche aux affaires. De 2001 à 2004, la figure centriste avait même porté le projet de Constitution européenne, rejeté par voie référendaire en France et aux Pays-Bas.
Nicolas Sarkozy peut-il en faire autant? En coulisses, le choix du président-candidat est clair. "Je ne serai plus jamais candidat aux mêmes fonctions et je ne mènerai pas la bataille des législatives", a-t-il déclaré aux cadres de l'UMP, dimanche après-midi, selon un ministre cité par l'AFP. Cette affirmation, prise au sens strict, indique que Nicolas Sarkozy ne participera à aucune campagne à venir. A l'exception d'une campagne en 2014 pour un mandat d'eurodéputé, seule fonction élue au suffrage universel direct qu'il n'a jamais occupée.

"J'aurai fait une très belle vie politique"

Le président sortant n'a en effet pas annoncé son retrait de la vie politique. A en croire un proche collaborateur interrogé par Le Point, "il ne peut pas couper les ponts à la façon de Jospin comme en 2002", l'UMP risquant l'implosion dans le cas contraire. "Le parti repose sur deux jambes, la droite humaniste et la droite populaire, qui doivent s'élancer dans la même direction pour pouvoir courir", confiait Jean-Pierre Raffarin dimanche soir au JDD.fr, avant de mettre en garde contre les conflits internes. Nicolas Sarkozy a su réconcilier ces deux familles en 2007, avant de privilégier la seconde lors du tournant sécuritaire de son mandat, à l'été 2010. S'il quitte sa famille, il compte donc assurer sa succession, Jean-François Copé, François Fillon et Xavier Bertrand se disputant déjà les clés du parti.
Quid de Nicolas Sarkozy? Dès le début de l'année, il n'avait pas fait de mystère sur une possible reconversion en cas de défaite. "Si les Français devaient ne pas me faire confiance, est-ce que je devrais continuer dans la vie politique? La réponse est non. Ces carrières qui n'en finissent pas, cela aboutit à des jeunes qui ne peuvent pas monter. Si tel n'est pas votre choix, je m'inclinerai et j'aurai fait une très belle vie politique", expliquait-il alors à Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV-RMC.

Le désir de l'argent

Avocat de formation, Nicolas Sarkozy n'a jamais renié son envie de travailler dans le monde des grandes entreprises. "Moi aussi, dans le futur, je voudrais gagner de l'argent", avait-il déclaré en novembre 2011, lors d'un sommet du G20 à Cannes, cité par Le Monde. Et de préciser, à l'adresse de ses proches : "Je suis avocat, j'ai toujours eu un cabinet et je suis passionné de tas de choses. En tout cas, je changerai de vie complètement, vous n'entendrez plus parler de moi!" Philippe Ridet, dans son livre Le Président et moi (Albin Michel, 2008), évoquait déjà une confidence, datant de 2005, de celui qui était encore ministre de l'Intérieur : Nicolas Sarkozy se vantait alors de pouvoir être embauché par Martin Bouygues "du jour au lendemain".
En 2008, un indiscret du Point faisait écho d'une autre confidence du chef de l'Etat : "Quand je vois les milliards que gagne Clinton! (…) Je fais (président) pendant cinq ans et, ensuite, je pars faire du fric, comme Clinton." Mais, depuis cette date, Nicolas Sarkozy s'est vanté d'être devenu président, d'avoir appris de ses présidences successives de l'Union européenne et du G8-G20. Et son discours de dimanche soir laisse la porte ouverte à une carrière dans les institutions politiques internationales. "Nicolas Sarkozy est un homme d’action, pas de débat", analyse pour leJDD.fr Gero Von Random, correspondant pour le journal allemand Die Zeit à Paris. Nicolas Sarkozy pourrait toujours être tenté par un retour en 2017.

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