TOUT EST DIT

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dimanche 13 mai 2012

L'antisarkozysme a pesé lourd

L'étude Ipsos réalisée pendant la semaine précédant le second tour livre des enseignements sur la hiérarchie des motivations et les déterminants du vote des Français lors de ce scrutin. À gauche, l'aspiration au changement a dominé le vote du second tour. Il était demandé aux participants à l'enquête de choisir au sein d'une liste «les deux principales raisons pour lesquelles vous allez voter dimanche pour Nicolas Sarkozy/François Hollande».
Les électeurs de François Hollande mentionnent alors à 65 % le fait qu'il représente le changement alors que seuls 8 % des électeurs de Nicolas Sarkozy choisissent cette raison. Le fait de répondre à leurs préoccupations, d'être proche des Français et d'inspirer confiance est évoqué par, respectivement, 38 %, 29 % et 24 % des électeurs de François Hollande.
Le clivage avec la droite est particulièrement net s'agissant de la question de la «stature de président» et de l'aptitude à la fonction: seuls 17 % des électeurs de François Hollande déclarent que cette question compte au moment de leur vote contre 81 % de ceux de Nicolas Sarkozy.
Par ailleurs, la nature du vote en faveur de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande compte. Dans le premier cas, l'électorat de Nicolas Sarkozy au second tour exprime majoritairement un vote d'adhésion à sa personne, affirmant que la raison principale de leur vote en sa faveur réside dans leur «envie qu'il soit président» (54 %) et non pas «pour barrer la route à François Hollande» (46 %).
Dans le second cas, les électeurs de François Hollande déclarent majoritairement (55 % des citations) que la principale raison de voter en sa faveur réside dans leur volonté de «barrer la route à Nicolas Sarkozy».
Selon cette analyse, l'élection a mis en évidence une volonté de changement qui a fortement compté pour les Français au moment du vote et qui a favorisé François Hollande, porteur d'une telle dynamique, comme cela avait été le cas en 2007 pour Nicolas Sarkozy avec la promesse de «rupture». Ceci est sans doute lié à l'usure du pouvoir mais aussi à un contexte de crise qui se double d'une déception vis-à-vis de la promesse de changement énoncée il y a cinq ans, frustration qui a alimenté un vote d'opposition à la personne de Nicolas Sarkozy davantage qu'un vote d'adhésion franc à François Hollande.
In fine, les résultats relativement serrés de l'élection présidentielle illustrent ce choix par défaut. Mais ils témoignent plus fondamentalement d'une polarisation entre deux électorats porteurs de deux visions politiques clivées et dont les caractéristiques sont aisément repérables.
À droite, comme l'enquête OpinionWay du premier tour l'avait bien montré, les thèmes régaliens semblent avoir dominé le vote: la lutte contre la dette publique, la gestion de la crise de la zone euro et la lutte contre l'immigration clandestine qui correspondent à la fois aux fonctions régaliennes de l'État et à des thématiques identitaires mettant l'accent sur la question nationale.
À gauche, ce sont les enjeux sociaux qui ont prédominé: emploi, pouvoir d'achat et éducation figurent au sommet de la hiérarchie des préoccupations exprimées par les électeurs de François Hollande. Cela est sans doute le reflet d'une demande de justice sociale et de réduction des inégalités liée à la crise actuelle et à ses conséquences économiques et sociales mais aussi aux craintes concrètes de devoir renoncer à un État-providence jugé menacé par la mondialisation.

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