TOUT EST DIT

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dimanche 13 mai 2012

Jean-Pierre Raffarin : « Cette élection était gagnable »

L'ancien Premier ministre revient sur quelques moments forts de l'élection présidentielle. Laissant entendre, en creux, que le principal responsable de l'échec n'est autre que Nicolas Sarkozy
 Dans un sondage pour Sud Ouest Dimanche, les Français placent en tête François Fillon et Alain Juppé loin devant Jean-François Copé pour tenir dans l'avenir les rênes de l'UMP. Cela vous étonne ?
Jean-Pierre Raffarin. Je ne suis pas surpris. C'est la hiérarchie du précédent quinquennat, laquelle va être bouleversée par la nouvelle donne politique. C'est la hiérarchie d'aujourd'hui. Pour l'avenir, la jeune génération va trouver un appui plus fort dans l'opinion.

Qui mettez-vous dans le panier de cette jeune génération ?
Toutes les personnalités ayant figuré au premier rang ces derniers mois. Jean-François Copé, naturellement, lequel me semble en être le leader, mais aussi François Baroin, Bruno Le Maire, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand et j'en oublie.
Dans ce sondage, 35 % des personnes interrogées ne citent ni Fillon, ni Juppé, ni Copé. Ce pourrait être un espace pour un certain Raffarin ?
Non. Avec mon ami Alain Juppé, nous veillons au respect des fondements de l'UMP, mais nous voulons aussi tracer des perspectives d'avenir.
Proche de Giscard, vous aviez vécu 1981 aux premières loges. Vous retrouvez des similitudes avec l'échec de 2012 ?
Il y a des points communs dans ces deux histoires. Dans les deux cas, nous avons de « jeunes » présidents, tous deux réformateurs, tous deux ayant eu à subir des crises majeures. Pour moi, la principale différence tient à leur élection. Élection de division pour Giscard - son ancien Premier ministre, Jacques Chirac, était candidat contre lui -, tandis que Nicolas Sarkozy conduisait cette année une campagne où sa majorité était unie.
Autre point important pour l'avenir : Sarkozy semble avoir réussi sa sortie alors que Giscard a laissé le sentiment d'une blessure insurmontable.
La défaite de votre camp, dimanche dernier, tient-elle avant tout à la personnalité de Sarkozy ? Plus précisément, est-ce lui, incapable de se débarrasser de cette image de « président des riches », qui vous a fait perdre ?
Je crois en effet que les comportements ont été davantage sanctionnés que la politique. Le style hyperactif de Nicolas Sarkozy a pu heurter nombre de sensibilités plus tempérées. Il est clair que cette élection révèle par moitié, en France, un partage de la droite et de la gauche. Au total, cette élection était donc gagnable pour la majorité sortante.
En creux, vous êtes en train de dire que c'est Nicolas Sarkozy qui a perdu…
Il avait dit lui-même : « Si je gagne, c'est ma stratégie qui l'aura emporté, si je perds, ce sera de ma responsabilité. » Dimanche dernier, il a assumé. Dans le même temps, on a vu que sa politique pouvait être majoritaire en France…
Sa campagne - en particulier durant l'entre-deux-tours - a-t-elle été, selon vous, positionnée beaucoup trop à droite ?
Pour gagner, une majorité de droite doit rassembler ses deux cultures. La culture de la droite républicaine et la culture des humanistes. Dans cette campagne, la présence frontale de Marine Le Pen a en effet bousculé l'équilibre entre ces deux cultures. Quand on perd à trois points, on perd autant à droite qu'au centre. La droite gagne quand elle sait rassembler ses deux cultures.
Dans cette campagne, il y a eu le vote « à titre personnel » de François Bayrou. Comment avez-vous vécu ce choix ?
Comme une profonde déception, comme une incompréhension. Ce choix est, pour le centre, une impasse. C'est une réaction très personnelle, l'histoire entre deux hommes qui se termine par ce signe de rupture brutale. Les tensions personnelles l'ont emporté sur les choix politiques.
Quelle stratégie pour les législatives ?
Priorité à l'unité. Le délai est très court. Dans les situations de défaite, les divisions sont mortelles. Dans l'histoire politique, les défaites sont porteuses de multiples poisons.
Une fois cette échéance passée et les humeurs apaisées, il conviendra de réfléchir à la stratégie d'avenir, à maintenir une UMP forte, seule réponse possible face au FN et au PS. Une UMP fondée sur la diversité ; en fait, un mouvement de mouvements. C'est le défi de l'automne, lequel impliquera un certain sens de l'autocritique.
Franchement, voilà une semaine, vous pensiez que Nicolas Sarkozy avait encore une chance ?
J'étais sceptique. Même si, sur le terrain, on percevait une vraie mobilisation. En fait, j'étais pessimiste depuis quelques mois. Parce que Nicolas Sarkozy a pensé son quinquennat en une seule pièce les cinq ans durant. À mon avis, un quinquennat se doit d'être appréhendé en deux phases : trois ans pour mettre les choses en place, deux ans pour la perspective…

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