TOUT EST DIT

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samedi 4 février 2012

Une dette de plus en plus lourde

Ainsi donc, est allé raconter Angela Merkel en Chine, « l’euro a rendu l’Europe plus forte »

C’est sans doute parce que l’Europe est plus forte que le Premier ministre Wen Jiabao, avec l’accord du président Hu Jintao, a répondu au chancelier allemand que la Chine pourrait s’impliquer davantage pour aider l’Europe à surmonter la crise de la dette, ce qui constitue une « urgence », en envisageant une « participation accrue » – « à travers le FMI », précise-t-il – au Fonds européen de stabilité financière, et au Mécanisme européen de stabilité, fonds de secours permanent qui va lui succéder et doit être mis en place en juillet. Le directeur général de l’OMC Pascal Lamy a l’air malin, lui qui avait qualifié cette perspective de « bla-bla médiatique » (Présent du 28 janvier).

La Chine, qui détiendrait, selon certaines estimations, quelque 500 milliards de dollars de dette souveraine européenne, agit cependant logiquement. Quant à Angela Merkel, et à ses comparses européens, il paraît leur sembler aller de soi que l’idée d’un secours permanent colle parfaitement avec celle d’une Europe plus forte !

Il est vrai qu’Angela Merkel reconnaît aussi que « l’Europe doit s’adapter », et que cette voie, pour l’heure, passe pour Berlin par à la fois plus d’étatisme européen, du moins sur le plan économique, et par le rejet, dans une seconde zone à définir, des pays de l’Union européenne qui n’arriveraient pas à suivre. Et grèveraient de ce fait les autres, à commencer par l’Allemagne.

La Grèce

En tête des pays destinés à rester sur le chemin, il y a la Grèce. Les accords traînent en longueur sur les moyens de réduire la dette. D’un côté, Athènes hésite à annoncer aux Grecs que l’austérité va devoir être aggravée, et se prolonger au mieux jusqu’en 2015…

De l’autre, les créanciers institutionnels (Union européenne, BCE, FMI) jugent difficile d’accorder de nouveaux prêts, dont le principe a été adopté en octobre par la zone euro en échange de mesures d’ajustement structurelles de l’économie grecque, sans garanties strictes.

« Les négociations sont très difficiles » et le « coût » des décisions qui seront prises « ne sera pas anodin pour le peuple », a déclaré le porte-parole du gouvernement Pantélis Kapsis, d’accord en cela avec le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, qui déclarait, jeudi : « Je suis en train de négocier (…) avec le secteur bancaire privé et le gouvernement grec la participation du secteur privé au désendettement de la Grèce. » Et qui précisait qu’il s’agissait d’une « négociation ultra-difficile »…

Athènes ne peut attendre cependant. Elle doit en effet rembourser 14,5 milliards d’euros de prêts le 20 mars, faute de quoi le pays sera en cessation de paiement.

Il faut dire que, là encore, Berlin manifeste de cette volonté d’une rigueur économique évoquée par son chancelier à Pékin. Le ministre des Finances Wolfgang Schauble a ainsi estimé jeudi que les créanciers publics de la Grèce n’avaient « pas besoin » de contribuer davantage à son sauvetage en participant à l’effacement d’une partie de sa dette. Tant pis donc pour les créanciers privés, qui « ont gagné suffisamment avec les taux » élevés sur les obligations grecques, et qui peuvent donc maintenant accepter des pertes…

Une déclaration qui n’a pas été du goût de Jean-Claude Juncker qui a critiqué une Allemagne, qui « n’est pas assez vertueuse pour se croire la vertu faite Etat, entourée de pécheurs ». « Il y a sept pays des 17 de la zone euro qui ont une dette publique moins importante que l’Allemagne », a-t-il ajouté avec force.

On comprend que la discussion soit effectivement délicate… et que ceux qui envisage un accord « très proche », comme le patron de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, en envisageant sans ciller des pertes sur la valeur actuelle de leurs obligations de « 70 % ou plus », semblent faire preuve d’un optimisme irréaliste.

D’autant que la société grecque se rebiffe. Le chef de l’Eglise orthodoxe, Mgr Iéronimos, a ainsi dénoncé jeudi les « chantages des étrangers » dans une lettre au Premier ministre Lucas Papademos, dans laquelle il s’oppose à ce que soient demandées au pays « des mesures encore plus dures, douloureuses et injustes, (…) de plus grandes doses d’un médicament mortel (…) pour notre économie ».

Mgr Iéronimos dénonce, dans les propositions européennes, aussi les « prétentions contre la souveraineté nationale du pays ».

De son côté, la France continue son petit bonhomme de chemin… en s’endettant davantage pour se désendetter. Paris a levé avec succès jeudi – à échéance 2018, 2020 et 2022 – 7,962 milliards d’euros. Dans le même temps d’ailleurs, Madrid a levé 4,560 milliards d’euros en obligations de 3 à 5 ans.

Pessimisme…

Dans cette immense pagaille économique, il semble certain que la plupart de nos politiques européens s’accrochent à l’idéologie, faute de savoir comment s’en sortir. C’est sans doute ce qui permet au Premier ministre tchèque Petr Necas, mal vu ces jours-ci pour son refus de signer le nouveau pacte européen (Présent d’hier), d’affirmer que « la zone euro n’a pas de choix en ce moment : soit elle s’effondre, ce que personne ne peut sérieusement souhaiter, soit elle s’achemine vers une unité économique fédérale ». Soulignant, à ce propos, que « le pacte budgétaire est une démarche fondamentale sur cette voie ». Si la République tchèque y avait adhéré lundi, elle aurait manifesté « son accord à la transformation de la zone euro en une future fédération budgétaire » et sa volonté de « participer à tout prix à ce projet ».

Pour que ce soit clair, il précise que, effectivement, avant d’entrer dans l’Union européenne en 2004, « la République tchèque a certes pris l’engagement d’adopter l’euro, mais c’était dans des conditions entièrement différentes, qui ne sont plus valables ».

Si Standard and Poor’s veut jouer, de son côté, l’optimisme – après avoir dégradé la plupart des pays de la zone euro… – en estimant que la zone euro devrait progressivement sortir de sa « légère récession » au second semestre 2012, le FMI appelle l’Europe à espérer le meilleur et à se préparer au pire !

Merci du conseil !

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