TOUT EST DIT

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mardi 10 janvier 2012

Une question de cohérence

Peut-on faire, dire ou écrire à peu près n’importe quoi en période préélectorale ? La question s’adresse à tous les candidats à l’élection présidentielle de 2012. Elle n’est pas si outrancière si on en juge par la propension des impétrants à privilégier l’effet d’annonce au-delà du raisonnable. D’une certaine façon, Angela Merkel leur a répondu. En ne cédant pas au caprice du président français, qui voudrait lui imposer une taxe sur les transactions financières dont elle ne veut pas en l’état, la chancelière a tracé les limites de ce que son interlocuteur considère comme une audace exemplaire et qu’elle n’est pas loin de qualifier, elle, de précipitation dangereuse tant que l’ensemble de la zone euro ne l’adopte pas.

Pendant la séance de vœux de la presse, à Matignon, le Premier ministre s’est pourtant donné beaucoup de mal pour justifier la démarche du chef de l’État et infirmer la thèse d’un spectaculaire revirement : cette taxe, la France en portait l’idée depuis « un an et demi » ! À preuve, une proposition de directive européenne — en réalité très nébuleuse et résolument attentiste — était en chantier…

Soyons clairs : le président de la République a parfaitement le droit de changer d’avis- il n’y a que les imbéciles qui ne le font pas -, lui qui dénonçait par avance les ravages d’une initiative unilatérale… Mais par pitié qu’on nous épargne une réécriture de l’histoire mettant en avant la vertu d’une France qui irait « de l’avant ». Dans une période où sans cesse le sol se dérobe sous leurs pieds, les opinions ont besoin de clarté et d’un minimum de cohérence. Il y a moins de deux mois, le gouvernement n’avait-il pas voué aux gémonies un amendement de la majorité de gauche au Sénat qui prévoyait une mesure franco-française tout aussi hardie, et en tous points semblables ?

Tout cela ressemble à une politique de gribouille. En voulant jouer sur un sentiment populaire sévère à l’endroit des pratiques — moralement contestables — des circuits financiers, M. Sarkozy joue ouvertement sur la crédulité générale. Ce faisant, il ne peut produire que de la déception. Après le « nein » clair de Mme Merkel, au moins pour le moment, la taxe « Tobin » en version uniquement française ne deviendrait, au mieux, qu’une modeste taxe boursière sans grand intérêt. Un simple produit électoral dont l’Élysée ne peut pas garantir la mise en place avant le premier tour, et qui n’a même pas réussi à piéger la gauche. Un triomphe ! La France a-t-elle vraiment les moyens et l’énergie de gaspiller du temps dans ces enfantillages quand elle a d’autres chats à fouetter ?

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