TOUT EST DIT

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mardi 10 janvier 2012

L’anniversaire de Jeanne à Orléans

« Avec Jeanne », ce sera une belle année !

Nous étions bien cinq cents, samedi matin, en la cathédrale d’Orléans qui s’ouvre avec éclat à la célébration du 600e anniversaire de la naissance de la sainte et de l’héroïne de la patrie. Cinq cents personnes de tous âges ont rempli et fait déborder l’immense chœur de Sainte-Croix de belle et sobre liturgie, de chants aimables et solennels : la cathédrale était froide de ce froid pénétrant des jours humides de l’hiver, le décor nu, mais quelle foi, quelle espérance… Quelle chaleur profonde et quel réconfort que de voir la divine, l’extraordinaire liturgie reprendre ses droits dans ce vaisseau intimement lié à l’histoire de France !

Lorsqu’on y entre, on est d’ailleurs saisi d’un esprit de victoire. Contre les hauts piliers de la longue nef, les blasons des compagnons d’armes de ce général de dix-sept ans redonnent à la cathédrale des couleurs et une gaîté toute médiévale (même celui de Gilles de Rais !) et devant le nouvel autel du transept, la bannière de Jeanne semble claquer comme à la bataille… ou au Te Deum de 1429.

C’est à l’appel de l’association « Avec Jeanne », lancé le mois dernier juste avant le tourbillon de la Noël et du Nouvel An, annoncé dans « notre » presse et guère ailleurs, que cet événement s’est créé. Evénement, oui, car il marque – avec les autres initiatives qui commencent à se multiplier – le grand besoin qu’ont les fidèles de s’en remettre à Jeanne d’Arc, et le grand secours qu’elle peut apporter, pourvu que cela lui soit demandé, en cette année 2012. Qu’il s’agisse d’une « année johannique » en fait d’abord et surtout une année d’espérance. Cela a été dit joliment et avec une érudition nourrie de poésie par Yves Avril, qui mit fin aux repas pris en compagnie des pèlerins d’« Avec Jeanne » en soulignant la commune espérance de Jeanne d’Arc et de Péguy.

Le moindre signe de cette espérance ne fut pas l’accueil réservé aux pèlerins de Jeanne par le recteur de la cathédrale, le père Claude Girault, fier de l’édifice (il le présenta avec panache) et pénétré de l’histoire de Jeanne, qui, il y a un peu moins de six cents ans, y entra victorieuse et remercia Dieu de la victoire, voyant exactement ce que nous voyons, nous, en 2012.

Le moindre signe de cette espérance ne fut pas l’amicale et très chrétienne coopération, pour l’occurrence, de l’abbé Guillaume de Tanoüarn, de l’Institut du Bon Pasteur, initiateur de la journée, et de l’abbé Vincent Ribeton, supérieur de district de la Fraternité Saint-Pierre en France venu avec diacre et sous-diacre pour célébrer selon le rite traditionnel, et cédant avec élégance la parole au premier pour une homélie centrée sur l’esprit d’action de Jeanne d’Arc : un esprit tout spirituel.

On trouvera le texte complet de l’homélie de l’abbé de Tanoüarn sur son « Metablog » (ab2t.blogspot.com) qui a rappelé la vraie nature et le vrai combat de Jeanne, et la qualité de son espérance :

« Quelle est cette espérance ? On a trop tendance à s’imaginer l’espérance comme une vertu passive, simple capacité à attendre ce que la Providence nous aura ménagé. Le paradoxe de Jeanne d’Arc, c’est qu’elle est à la fois le signe historique de cette attente et sans doute le personnage historique qui aura le plus détesté attendre. »

Et de rappeler l’histoire de son épée, trouvée grâce à la « prescience véritablement divine » de Jeanne en creusant derrière le chœur de Sainte-Catherine de Fierbois :

« On découvrit l’épée à quelque profondeur. Et on la lui rapporta immédiatement : c’était une belle épée qui n’avait qu’à peine servi. Pourquoi cette épée ? Pourquoi là ? A Sainte Catherine de Fierbois, Charles Martel passait pour avoir offert l’épée avec laquelle il avait fait reculer les Maures. »

Encore un signe. Ou un intersigne, si vous voulez.

Comme est un signe le jour de la naissance de Jeanne, traditionnellement fixée au 6 janvier ; l’abbé de Tanoüarn allait rappeler combien Jeanne d’Arc est du même esprit que celui des Mages : une fois la vérité connue, ils passent à l’action. « Hardiment », « volontiers », pour reprendre les mots si chers à Jeanne. Nourris de son espérance surnaturelle qui lui permettra de se battre sans récuser l’aide de ses vertus naturelles.

« Face à tous les Cauchons, face à tous les Hérode, Jeanne représente la résistance spirituelle. Pas politique. Pas nationaliste d’abord. Non : spirituelle. Dans les grandes crises, dans la crise sociale sans précédent que traversait un Royaume livré aux écorcheurs et aux grandes compagnies, c’est le spirituel qui décide de l’issue bonne ou mauvaise de la conjoncture », dit l’abbé de Tanoüarn.

C’est bien là la leçon pour notre temps, celle qui nous accompagnera en cette année johannique, an de grâce comme tout temps donné par Dieu : prendre les batailles quelles qu’elles soient à bras-le-corps, mais n’oubliant jamais Messire Dieu premier servi.

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