TOUT EST DIT

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samedi 14 janvier 2012

Madelin : "Une pression considérable sur les hommes politiques"

Ancien ministre de l'Economie de Jacques Chirac, Alain Madelin revient sur la dégradation de la note de la France. S'il reconnaît que "cela ne bouleversera pas la donne financière", l'ex-député estime toutefois que cette situation aura des "conséquences politiques évidentes".
La France vient de perdre son triple A. Quelle est votre réaction?
Ce n'est pas une découverte que la France, en Europe, soit mieux dotée que la Grèce et un peu moins bien dotée que l'Allemagne. Cela fait longtemps que les marchés financiers avaient déjà donné leur notation par le différentiel de taux d'intérêt qui existe entre la France et l'Allemagne. D'une certaine façon, cette nouvelle ne bouleversera pas la donne financière lundi matin. Cela a déjà été enregistré par les marchés.
Quelles seront donc les conséquences de cette dégradation?
Les conséquences politiques sont évidentes. Mais là encore, il n'y a rien de nouveau. Cela fait plus d'un an que je dis que l'élection présidentielle, que cela plaise ou non, se déroulera sous le contrôle des agences de notation. Cela met évidemment une pression considérable sur les hommes politiques de tous bords, qui ne peuvent plus faire des lettres au Père Noël dans leur programme présidentiel.
Cela aura forcément un impact sur les propositions des candidats?
Non seulement il faudra que chaque candidat soit raisonnable et fasse un programme à zéro euro, selon la formule de l'UMP. Mais ils devront aussi indiquer le chemin, avec une volonté ferme, du redressement financier. Et là, il y a, à mes yeux, un grand débat politique entre ceux qui disent que le redressement financier se fera par des mesures d'austérité et ceux qui disent qu'il faudra, en plus des mesures d'austérité, libérer la croissance.
Est-ce que le gouvernement en place, et donc Nicolas Sarkozy, est responsable de cette situation?
Sans doute de façon un peu imprudente, comme l'avait dit Alain Minc, en disant que le triple A était le trésor de la Nation et que son abandon serait une catastrophe. C'était des propos quelque peu exagérés. En tout état de cause, la conséquence politique pour tout le monde est que cette dégradation est un rappel au sérieux. On nous avait annoncé il y a un an que c'était le grand retour de l'Etat pour discipliner les marchés financiers irresponsables. Nous avons le retour des marchés financiers, c'est-à-dire des gestionnaires sérieux des épargnants pour discipliner les Etats irresponsables.
L'Allemagne, elle, n'est pas touchée, contrairement à la France. Cela aura également des conséquences?
Ce n'est pas une découverte que l'Allemagne est dans une situation meilleure que la France. Ce n'est pas pour autant que nous devrions nous précipiter pour copier l'austérité allemande.

Quelles seraient les premières mesures à prendre? La taxe sur les transactions financières?
Cette taxe est de la fiscalité spectacle! Personne ne peut l'appliquer dans un seul pays. En plus, on désigne les méchants - à savoir les transactions financières - en oubliant de dire que cette taxe pèsera bien évidemment sur vous et moi dans les frais payés à nos banques sur les taux d'intérêt. Ils sont tellement dilués que nous ne le verrons pas, mais la taxe sur les transactions financières n'a de côté moral et punitif que l'apparence. C'est une taxe sur les Français, comme le serait également la TVA sociale. Cette dernière ne serait pas une taxe sur les produits importés, mais sur les consommateurs français des produits importés.
Selon vous, que faudrait-il donc mettre en œuvre?
Il y a deux types de mesures. Pour répondre à ce défi de sérieux financier, il faut réduire la dépense de l'Etat, non pas en faisant des coupes dans les budgets, mais en recentrant l'Etat sur un certain nombre de ses métiers et en déléguant un certain nombre de ses fonctions dans un souci d'efficacité économique. D'autre part, regardez les conseils que nous-mêmes Français nous donnons à la Grèce ou à l'Italie, comme ouvrir les secteurs fermés à la concurrence. Nous ferions bien de nous appliquer à nous-mêmes les conseils que nous donnons aux autres.

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