TOUT EST DIT

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samedi 14 janvier 2012

Reprenons-nous !

« Reprenons-nous ! », tel est le titre du livre que vient de publier Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) (1).

L'ancien médiateur de la République rappelle le constat qu'il fit dans ses fonctions : la France va mal ; la crise multiplie les inquiétudes ; les relations entre les Français et l'État se tendent ; les fractures sociales demeurent... Dès lors, sommes-nous menacés par « deux fléaux aussi terribles l'un que l'autre, la résignation, la régression d'un côté, la violence et l'autodestruction de l'autre ? »

De quoi s'agit-il aujourd'hui ? De remédier à tout cela et c'est urgent : réconcilier les Français avec l'État, donc améliorer le service public ; favoriser la prise des responsabilités, l'initiative, le courage, le travail, la passion du métier que l'on exerce, quel qu'il soit. En un mot, faire en sorte que notre pays retrouve « le chemin de l'excellence et de la performance...que l'envie de vivre ensemble remplace le chacun pour soi, que l'on devienne plus citoyen que consommateur de la République ».

Comment remonter la pente ? Telle est la question qui est posée et s'impose à tous en cette campagne électorale qui commence. D'abord, il faudrait se garder du pessimisme qui conduit certains bons esprits à penser que « la démocratie n'est peut-être déjà plus d'actualité » et que, pour l'avenir, d'autres modèles font actuellement leurs preuves, comme la Chine qui « combine main forte et capitalisme débridé ».

Certes, la démocratie a de nombreux défauts. Pour conquérir le pouvoir, les candidats privilégient le court terme sur le long terme, les moyens sur les fins, les émotions sur la rationalité. Dans ce « marché électoral, le calcul l'emporte sur la vision ». Il est pourtant essentiel de refuser ce cynisme, de commencer par respecter les citoyens et par se mettre à l'écoute, à leur écoute.

Résister au populisme et à l'extrémisme

Par ailleurs, le PIB (produit intérieur brut) n'est pas tout, estime Jean-Paul Delevoye, et ne devrait pas être le seul indicateur de notre activité. « La force du don, de l'échange et du dialogue n'entre pas dans la comptabilité nationale. » Il est pourtant des bonheurs non marchands qui sont aussi importants et peut-être plus.

On peut aussi souligner les évolutions psychologiques qui devraient nous faire oublier « le devoir d'apprendre pour découvrir le bonheur d'apprendre, le devoir de travailler pour découvrir la richesse du travail, le devoir de respecter l'autre pour découvrir le goût de l'autre ». D'une manière générale, il faudrait passer « de la logique de la contrainte à celle de l'accompagnement ». La société, les citoyens ne sont pas des menaces pour chacun. Cessons de considérer les autres comme des adversaires. Transformons-les en partenaires. Il s'agit, au risque de la confiance, de faire aimer plus que d'obliger.

À travers toutes ces réflexions, c'est bien la manière de vivre notre démocratie qui est en question et, au fond, l'attitude personnelle de chaque citoyen. M. Delevoye pense que « nous allons devoir expérimenter de nouveaux modes de vie où la gratuité de l'échange, l'engagement mutuel, l'empathie seront davantage sources de bonheur que l'avoir, la consommation et le montant de notre compte en banque ». C'est à ses yeux la circulation de la parole, l'écoute mutuelle, le dialogue qui permettront de résister au populisme et à l'extrémisme qui se nourrissent des tensions.

Nous venons d'apprendre la rétrogradation, d'un cran, de la note de la France par une agence de notation. Il nous faut rappeler, avec les spécialistes de ces questions, comme l'exposait récemment Bertrand Badré, que : « Nous sommes dans une zone où il y a encore de l'épargne, des moyens financiers, de l'intelligence, une capacité de faire. Le point de non-retour n'est pas dépassé, mais il y a urgence : il faut mettre les choses qu'il faut à leur juste place et en temps voulu. »



(1) Reprenons-nous ! de Jean-Paul Delevoye, Éditions Taillandier

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