TOUT EST DIT

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dimanche 3 avril 2011

Les nuits noires de l’Afrique

Depuis le mois de novembre, et la contestation du résultat de l’élection présidentielle ivoirienne, on le redoutait ce scénario de l’horreur qui évoque inévitablement la sinistre séquence génocidaire du Rwanda, les horreurs de Charles Taylor au Liberia, les cauchemars du Soudan, les règlements de comptes au Congo… Cet interminable chapelet de massacres intercommunautaires que l’histoire contemporaine de l’Afrique n’en finit pas d’égrener sur le chemin de croix de l’émancipation douloureuse d’un continent meurtri par le sort. Aucun fatalisme ne pourra s’accommoder de cette répétition de la solution sanglante. De ces paroxysmes de violence qui, à bout de cruauté, ouvrent la voie à des règlements politiques.

On espérait tellement que le verdict des urnes permettrait à la Côte d’Ivoire d’échapper à cet épilogue tripal en dépit d’une rivalité ethnique qui, derrière le duel entre deux hommes, annonçait des périls meurtriers. On se prenait à imaginer que malgré l’héritage empoisonné des découpages coloniaux, ce pays aux deux cultures, l’un des plus avancés d’une région du monde qui en compte peu, pourrait s’engager sur le chemin d’une démocratie moderne et apaisée. Et le voilà au bord du gouffre, miné au-delà de la probable fin politique de Laurent Gbagbo, par les massacres perpétrés par les vainqueurs. Les violences probables des forces pro-Ouattara ne valent guère mieux que la terreur des voyous de Gbagbo.

Comment construire sur un tel désastre ? Ainsi le président élu, l’ancien directeur adjoint du FMI soutenu par l’Amérique et la France n’a manifestement pas réussi à contenir la sauvagerie de ses partisans les plus exaltés. Ces « dérapages » étaient inévitables, tranchent, las, certains observateurs. Toutes les diplomaties tendaient le dos depuis des semaines en espérant que le face-à-face nord-sud, entre deux parties de la Côte d’Ivoire et entre leurs deux chefs de file, ne tournerait pas à la guerre civile pure et simple. Mais ils n’y croyaient pas trop, misant plutôt sur la victoire d’un camp sur l’autre, anticipant le coût humain d’un tel dénouement.

Aurait-on pu faire autrement ? Éviter ça ? Contrer la folie d’un Gbagbo ayant perdu toute lucidité devant un rapport de force qui avait tourné à sa défaveur. Maîtriser la soif de revanche des « Burkinabés » auxquels on avait si longtemps refusé la reconnaissance de leur identité ivoirienne. Empêché les vengeances intercommunautaires dans les régions où paradoxalement le pays ne faisait qu’un ?

L’Occident se rassure en se disant que rien n’aurait été pire pour l’avenir démocratique de l’Afrique qu’un statu quo pérennisant le déni d’un scrutin. Peut-être, mais c’est une analyse écrite avec le sang de civils, de leurs femmes et de leurs enfants. L’aube ne s’est pas levée sur Abidjan.

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