TOUT EST DIT

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jeudi 8 décembre 2011

La foi de Bayrou

On reconnaît d'abord le bayrouisme à ce qu'il refleurit à chaque présidentielle. « Il sera président », avait osé un jour François Mitterrand. Lui, François Bayrou, l'adepte du temps long, s'est persuadé qu'à soixante ans, au terme de cette troisième tentative, il sera le roi, pas un simple faiseur de roi.

Mélange de foi et de réflexion, de culture et de rêve, le fondateur du MoDem est ainsi programmé. Une psychologie qui permet de survivre dans les déserts politiques les plus arides. Sa conviction et sa persévérance reposent sur quelques constats qui rallument l'intuition que son heure est arrivée. Qu'il est l'homme dont la France affaiblie et déboussolée a besoin.

Primo, l'élimination de Dominique Strauss-Kahn et le retrait de Jean-Louis Borloo lui ont rouvert un chemin qui s'était refermé depuis 2007. Secundo, l'actualité met en lumière son anticipation de la crise de la dette et de la manière d'y remédier. Tertio, personne ne pourra gagner sans l'électorat centriste.

Est-ce suffisant, la hauteur de vue en prime, pour l'emporter ? Et pourrait-il réunir, à l'Assemblée, une majorité de députés sans laquelle tout projet reste lettre morte ? C'est en répondant par la négative à ces questions que Jean-Louis Borloo a renoncé. C'est en y répondant positivement que François Bayrou remonte à cheval.

En attendant de savoir si une force incontournable sortira des urnes, il faut constater qu'il existe, au centre du paysage politique, une large communauté de vue.

Comment et avec qui ?

Jean-Louis Borloo vient de déposer une proposition de loi fiscale, visant la spéculation, qui ressemble étrangement au projet de François Bayrou. Sur la démocratisation de l'Europe, le patron du MoDem défend les mêmes idées que son frère ennemi Hervé Morin. Quand les humanistes de l'UMP condamnent le cumul des mandats, ils abondent dans son sens. Et quand François Hollande défend la création d'une nouvelle tranche fiscale, il dit la même chose que François Bayrou ou Dominique de Villepin. On pourrait multiplier les exemples.

L'homme en veut. Les idées sont là. Ne manquent plus « que » deux conditions : une stratégie et une méthode. Car le problème n'est pas tellement de définir des priorités. Tout le monde veut élever le niveau scolaire, réindustrialiser la France, baisser le chômage, moraliser la politique... La difficulté est de savoir avec qui le faire, et comment.

Une stratégie : équidistant entre la droite et la gauche, François Bayrou refuse de dire s'il penchera pour Nicolas Sarkozy, dont il fut l'opposant le plus incisif, ou pour François Hollande qu'il respecte. Cette indépendance lui a valu de perdre bien des élections. Cette fois, il fera un choix. Mais il se situe d'abord dans l'hypothèse audacieuse où, arrivé en tête, ce sont les autres qui auraient à se prononcer. Pour réussir, mieux vaut y croire.

Une méthode : elle est moins dans le bricolage gouvernemental que dans la capacité à mettre tous les acteurs de la société autour de la table pour reconstruire le pays. Dès lors que personne ne serait majoritaire dans l'opinion, il faudrait nous expliquer comment on dépasse les clivages partisans pour conjuguer les envies, les talents et les moyens. François Bayrou, comme d'autres, devra dire comment il compte y parvenir.

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