TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 12 novembre 2011

Grèce et Italie : le retour des technocrates qui ont contribué à générer la crise

Lucas Papademos et Mario Monti sont-ils les plus qualifiés pour sortir leur pays de la crise ? 

Lucas Papademos a été vice-président de la Banque centrale européenne. Ce gestionnaire sans esbroufe a quitté son bureau tranquille, à l'université de Harvard, où il enseignait l'économie. L'intitulé de son cours ? "La crise économique mondiale : réponses et défis". Les Grecs en premier, les dirigeants de la zone euro derrière, tous espèrent que celui qui a accepté, au terme d'interminables tractations, de devenir Premier ministre de Grèce arrive à Athènes avec, dans sa besace, suffisamment de réponses pour relever le défi d'éviter la faillite à son pays.
En Italie, Mario Monti est fortement pressenti pour succéder à un Silvio Berlusconi totalement démonétisé. Ce discret professeur d'économie politique s'est aussi fait prier. Pragmatique, il disait récemment que la sortie de crise de son pays passait par "des réformes impopulaires à réaliser en unissant les franges les plus sensées de chaque parti politique". Avant d'occuper la fonction de président de la prestigieuse université Bocconi à Milan, Mario Monti a passé dix ans à Bruxelles, en tant que commissaire européen au Marché intérieur puis à la Concurrence. Il s'y est taillé une réputation de rigueur, n'hésitant pas à monter au feu contre les plus grandes multinationales, Microsoft notamment, ou à s'opposer aux gouvernements des États membres qui poussaient leurs entreprises à la fusion en un mécano industriel européen. Ce technocrate un peu terne a quitté Bruxelles avec un surnom, "Super Mario", mais aussi avec un héritage contesté : certaines interdictions de fusions - comme celle des groupes français Schneider et Legrand - ont été rejetées par la justice européenne, obligeant la Commission à réformer en profondeur sa gestion d'une matière aussi sensible que la concurrence. Puis Mario Monti a émargé chez Goldman Sachs, la banque qui a aidé la Grèce à maquiller ses comptes pour rejoindre l'euro.

Rouages
Papademos en Grèce, Monti bientôt en Italie : deux caciques de l'Union européenne appelés à la rescousse... là où l'Union européenne a échoué. Car si l'incendie qui risque de ravager l'Europe en carbonisant les emplois, voire les économies des citoyens, a été allumé par les pyromanes des marchés qui vendent à découvert et spéculent sur la chute d'un pays sans se soucier de l'économie réelle, l'allumette, elle, leur a été fournie par ces mêmes institutions européennes qui, aujourd'hui, crient au feu. C'est en effet la Commission européenne qui a mis en oeuvre, à la demande des États membres, la dérégulation des Bourses et son corollaire, la création de marchés échappant à tout contrôle. La Commission a rédigé des lois et des règlements adoptés collégialement par les commissaires entre 1995 et 2004. Et, à cette époque, le commissaire italien n'était autre que... Mario Monti.
Lucas Papademos était gouverneur de la Banque centrale de Grèce entre 1994 et 2002. À ce poste, il a largement contribué à faire entrer son pays dans la zone euro. Avec des comptes publics maquillés. Une manoeuvre qui avait recueilli un large assentiment en Grèce, tandis que les gouvernements amis, comme la France, préféraient regarder ailleurs. L'arrivée aux commandes de ces deux technocrates désireux de construire des gouvernements d'unité nationale est bien accueillie en Europe. "Nous avons depuis longtemps mis l'accent sur la nécessité d'un vaste consensus politique pour sortir la Grèce de la crise économique dans laquelle elle est plongée. Nous saluons donc chaleureusement cette annonce", ont déclaré, jeudi, José Manuel Barroso, président de la Commission, et Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, à l'annonce de la nomination de Lucas Papademos. Une chose au moins est certaine : Mario Monti et Lucas Papademos connaissent bien tous les rouages de la machinerie qu'ils sont censés sauver.

0 commentaires: