TOUT EST DIT

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lundi 28 novembre 2011

Centristes et centraux

Les partis centristes sont plus cacophoniques que jamais. Et pourtant leurs électeurs pourraient arbitrer la présidentielle.

Trop inconstant et inorganisé, trop conscient des périls liés à la crise, Jean-Louis Borloo avait des raisons de renoncer. En refusant l’obstacle, il a perdu son crédit de leader. Quoi qu’il dise, il a pulvérisé en vol la jeune Alliance républicaine, écologiste et sociale (Ares). Et offert à Nicolas Sarkozy un élargissement de son espace au premier tour.

Dès lors que l’extrême droite fixe une partie de l’électorat déçu par le président sortant, celui-ci ne peut pas être réélu sans les voix centristes. Les pressions exercées sur les amis de Jean-Louis Borloo et sur les proches d’Hervé Morin illustrent cette vision des choses.

François Hollande, pendant ce temps, gagnait la primaire citoyenne. Difficile de voir en lui un dangereux révolutionnaire. Les enquêtes d’opinion montrent qu’il intéresse des électorats modérés, voire conservateurs, bien plus que Martine Aubry.

Mais Jean-Luc Mélenchon durcit le ton jusqu’à l’irrespect et Eva Joly colle aux écologistes « canal historique ». François Hollande, sait que le deuxième tour se jouera à deux points dans un sens ou dans l’autre, est contraint au grand écart ou à l’hésitation.

Nicolas Sarkozy et François Hollande, conscients que l’on ne gouvernera pas avec une minorité
de l’opinion, surtout en période de crise, vivent des situations un peu similaires. Ce qui n’a pas échappé à deux hommes.

Un pari osé

Sous le pont de Normandie coulent la Seine et, depuis hier, les tumultueuses amours d’Hervé Morin. Candidat contre l’avis de la moitié des siens, l’ancien ministre de la Défense, recruté sur des critères
de dosage politicien plus que de compétence, fait un pari très osé.

Sans candidat, son parti, le Nouveau Centre, est menacé de dilution dans la droite. En faisant cavalier seul, Hervé Morin risque d’apparaître comme le chef d’une armée sans troupes. À moins que n’éclate, demain, l’UMP dont il convoite la composante humaniste et européenne. Qui ne rêve de rien n’a rien.

À l’autre bout du pays, son meilleur ennemi depuis cinq ans, le Béarnais François Bayrou remontera à cheval, la semaine prochaine, pour la troisième fois. Même si elles lui ont coûté cher politiquement, sa constance et son indépendance inspirent du respect.

Sa campagne de 2007 – 18 % de suffrages ! – et ses écrits anticipaient la crise de la dette. Sur les déficits, la gouvernance, les inégalités, l’éducation, la production industrielle, les faits donnent raison au fondateur du MoDem.

Entre un Nicolas Sarkozy qui a conduit une politique fiscale en porte-à-faux et un François Hollande dont on ne voit pas encore bien quel est le projet anti-crise, son sérieux peut susciter une sympathie électorale. Ça ne suffit pas pour gagner. Mais un score à deux chiffres lui offrirait de quoi négocier, voire arbitrer.

Hervé Morin, ce qui n’encourage pas à voter pour lui, critique Nicolas Sarkozy, dont il a défendu la politique pendant quatre ans, tout en disant souhaiter sa victoire.

François Bayrou s’en amuse et jubile de se savoir courtisé. Seulement, le courage ne sera pas de plaire, mais de choisir son camp.

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