TOUT EST DIT

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lundi 28 novembre 2011

Retrouvailles amères avec le FMI

Financièrement affaibli, Budapest a demandé l’aide du Fonds monétaire international. Un accord devrait être trouvé d’ici à janvier 2012. Aveu d’échec du Premier ministre Viktor Orbán ou cabale contre sa politique d’indépendance ? La presse hongroise est partagée. 

N’embellissons pas les choses, ce n’est pas la peine : le fait que nous ayons repris les négociations avec le FMI [le 21 novembre] équivaut à une capitulation. Nous ne pouvons pas décrire autrement ce qui vient de se passer, puisque, l’été dernier, nous avions appelé “guerre d’indépendance” notre séparation d’avec cette organisation  [la Hongrie avait rompu les discussions avec le FMI, dont elle refusait les recommandations. En 2008, elle avait reçu 20 milliards d’euros du FMI, de la Banque mondiale et de l’UE]. La capitulation est une mauvaise nouvelle et elle est humiliante pour ceux qui luttent pour leur indépendance.
Toutefois, il est particulièrement exaspérant de voir à quel point les marchés ont agi d’une manière coordonnée et systématique pour pousser le pays sur cette voie. Qui plus est, chose bizarre, cette hystérie des marchés basée sur des rumeurs sans fondement, inventées de toutes pièces et, selon toute probabilité sciemment repandues, s’est amplifiée à l’arrivée de la délégation du FMI.
Après plusieurs mois d’accalmie, nous sommes donc devenus le prochain épicentre de la crise que traverse l’Union, comme en a disserté un blogueur du Wall Street Journal. Dans le même temps, un collaborateur de Bloomberg nous a jetés dans le caniveau en ricanant. Deux agences de notation ont pris des mesures menaçantes à notre encontre et le taux de change entre le forint et l’euro a battu des records historiques [le 24 novembre, l'agence de notation Moody's a même dégradé à la note du pays, la placant dans la catégorie spéculative ("junk")].

Comme dans un conte de fées

L’étau s’est resserré et tous les commentateurs, analystes et investisseurs ont récité comme un mantra jour après jour que tous ces malheurs pouvaient cesser d’un coup si les Hongrois signaient un nouvel accord avec le Fond monétaire international.
Et, comme par miracle, et il en fut ainsi, pour prendre une expression des contes populaires. Le FMI et la Hongrie se sont retrouvés. Mais, à en croire les déclarations, la célébration de leurs noces  pourrait attendre jusqu’en janvier.
Il va sans dire que pendant cette campagne des marchés, nous avons attendu en vain l’aide, ne serait-ce que symbolique, de Bruxelles. Ces temps-ci, au centre de l’Union, on n’est occupé que par les problèmes de la zone euro et nous avons été oubliés. Ou alors, cela les arrange eux aussi que l’on n’évoque pas trop notre indépendance.
Pour conclure : chaque fois que je pense à ce qui s’est passé, me vient à l’esprit une histoire évoquant la réalité hongroise d’aujourd’hui. On ouvre un restaurant près du lac Balaton, où débarquent un jour quelques compatriotes baraqués.
Leur proposition est simple : ils ont la conviction que dans ce vilain monde, nous avons besoin de protection, ce qu’ils peuvent nous assurer. Nous n’en voulons pas en expliquant que nous allons nous débrouiller tout seuls. D’accord, disent-ils. Puis un jour on met le feu au restaurant. Et tout d’un coup, il y a un revirement : la proposition concernant notre protection paraît soudain sympathique.


Contrepoint

La lâcheté d’Orbán

"Si un homme politique prévoit sa démission dans une situation hypothétique (‘Si le FMI revient, moi je m’en vais’), il est à peu près sûr que, lorsque la situation se produit, notre homme politique restera", ironise Népszabadság en rappelant que le Premier ministre Viktor Orbán jurait récemment qu’il refuserait toute intervention du FMI en Hongrie.
“Il avait pesé de tout son poids pour augmenter la mise, croyant que le pire pourrait être évité”, estime le quotidien de centre-gauche, pour qui le chef du gouvernement "essaie de sauver sa politique qui est à tel point insauvable qu’elle ne peut plus être poursuivie. Et il essaie surtout de se sauver lui-même”.
“Il faudrait regarder la réalité en face”, ajoute le journal. “Il y a un an et demi, quand il pouvait presque tout faire dans ce pays, et il a presque tout fait, il a donné les pleins pouvoirs à un chaman”, le ministre de l’Economie György Matolcsy, "sur les fantasmagories duquel il a construit sa politique dite d’autodétermination nationale. Une politique certes attractive, mais stupide qui a causé tant de tort aux gens, à la Hongrie et qui a fait de nous la risée du monde."

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