dimanche 9 octobre 2011
"L’Europe vue des Etats-Unis : ce nouveau Tiers Monde... ?"
C'est le livre dont tout le monde parle aux États-Unis. Grèce, Irlande, Islande... la crise européenne vue par Michael Lewis, la star du journalisme économique américain.
La crise européenne vue par un auteur américain à succès : c'est Boomerang, travels in the new third world (en français : "Boomerang : voyage dans le nouveau tiers monde"), un livre de 213 pages, signé Michael Lewis qui intéresse les médias américains. Il y parle aussi bien de l'Islande que de la Grèce, l'Irlande ou l'Allemagne et fait le récit de ses voyages dans les pays concernés, passant d'un monastère grec soupçonné de corruption à la compagnie des banquiers allemands qui étaient les derniers à acheter des produits toxiques auprès des traders de Wall Street avant que la crise de 2008 éclate.
Michael Lewis cherche les causes de la crise dans les caractères nationaux des pays concernés, entre des Grecs menteurs et peu enclins à payer des impôts, des Allemands naïfs sur les marchés car trop respectueux des règles ou des Irlandais et des Islandais qui n'étaient culturellement pas prêt à passer de sociétés rurales à des sociétés à la pointe des produits financiers.
Le New York Times considère que Lewis -qui s'est fait connaître par ses livres sur les excès de l'univers de la finance- a le talent rare de rendre compréhensible et intéressant les problèmes les plus complexes, en s'appuyant sur sa connaissance des finances alliée à son talent d'écrivain voyageur. Les lecteurs du Vanity Fair seront toutefois moins admiratifs, puisqu'ils y retrouveront les articles que Lewis a écrit pour ce magazine.
Il explique dans ce livre que si le monde s'inquiète tant à propos de la Grèce, c'est parce que si ce pays plonge avec ses 400 milliards de dettes, les banques européennes qui ont prêté l'argent plongeront aussi, et plusieurs pays seront au bord de la banqueroute.
En Grèce, ce ne sont pas les banques qui ont coulé le pays, c'est le pays qui a coulé les banques, c'est ce qu'a retenu ABC News qui rappelle que lorsque George Papaconstantinou est arrivé au ministère des Finances, le déficit du budget grec n'atteignait pas 2,7% comme prévu mais 14%.
Lewis donne quelques statistiques édifiantes comme on en a déjà lues dans la presse européenne : par exemple que 600 professions ont réussi à se faire classer d'une manière ou d'une autre comme pénibles (du coiffeur au musicien en passant par le présentateur radio), ce qui leur permet de partir plus tôt à la retraite entre 50 et 55 ans. En Grèce, la masse des salaires de la fonction publique a doublé sur les 12 dernières années avec des salaires moyens dans le public désormais trois fois plus élevés que les salaires dans le privé.
Il ne manque pas de souligner le rôle ambigu de la firme américaine Goldman Sachs, arrivée en Grèce en 2001, qui a utilisé des artifices en apparence légaux pour aider le gouvernement grec à cacher sa dette.
Concernant l'Islande, Lewis écrit que depuis que les trois plus grandes banques du pays et le système économique se sont effondrés en 2008, la dette du pays a explosé : elle aurait atteint 850% du produit national brut, ceci pour un pays qui a la taille de l'état du Kenctucky, alors qu'elle atteint 350% aux États-Unis.
Lewis note que l'un des points communs de la crise irlandaise et de celle de Wall Street, c'est que les femmes n'y ont que très peu de responsabilités. Le monde de la pêche qui était une des richesses de l'Islande en Irlande et celui de Wall Street sont dominés par les hommes. Reste qu'aujourd'hui l'Islande a à sa tête la première femme Premier ministre de son histoire, Jóhanna Sigurðardóttir.
Concernant l'Irlande, Lewis considère que c'est la spéculation immobilière qui a provoqué la crise, avec des prix qui se sont envolés à 500 % pour une maison moyenne à Dublin, avant leur effondrement. Il remarque également que les Irlandais ont "un plus grand talent pour supporter la souffrance" que les Grecs et que si la Grèce avait imposé à sa population les mêmes efforts que ceux réalisés en Irlande, il y aurait eu des morts dans le pays méditerranéen.
Enfin, le New York Times considère que la crise qui monte en Europe, décrite dans ce livre, menace le monde. Le journal oublie que la dette américaine contribue lourdement à la situation...
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