«Quand nous avons un différend, le chancelier Schröder et moi, nous coupons la poire en deux», aimait dire l’ancien président Chirac. En sera-t-il de même aujourd’hui à Berlin lors de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ? Rien n’est acquis, tant le sujet est brûlant : la recapitalisation des banques européennes.
Certes, sur le principe, il y a désormais accord. Après avoir longtemps nié l’évidence, malgré les avertissements du FMI et les spéculations sur les établissements français, Paris a été mis devant le fait accompli par l’écroulement de Dexia. Par quelques sérieuses pressions aussi, notamment de la part des États-Unis qui redoutent un «Lehman Brothers» comme en 2008, d’origine européenne cette fois-ci. À cause de l’exposition des banques du vieux continent, quelques belles enseignes françaises en tête, aux dettes souveraines grecque, espagnole ou italienne. Et cette crise majeure avec ses risques de contagion, l’Europe ne la traiterait que par «saucissonnage», selon le directeur de la Banque mondiale, l’Américain Robert Zoellick. Il appelle, pour sortir du marasme, à la création rapide d’une vraie union économique, financière et politique. Aux États-Unis d’Europe, en quelque sorte, du moins pour la zone euro…
On en est très loin ! En attendant, la recapitalisation des banques européennes s’apparente à une nouvelle tranche de l’arme «saucisson». Elle est estimée dans l’Euroland à 100 milliards par le FMI, davantage avec les banques britanniques hors euro. Les établissements français nécessiteraient 10 à 15 milliards. Mais plus, si, dans leur portefeuille, les titres des États en difficulté devaient subir une dépréciation encore plus forte dans le cadre d’une restructuration des dettes, en commençant par celle de la Grèce.
Les banques sont appelées à fournir elles-mêmes l’effort le plus important, avant de venir le cas échéant (et fort probable) tendre la sébile aux États. Ce dernier recours, la France le voudrait auprès du Fonds de stabilité FESF. Ce que Berlin refuse avec véhémence : le FESF élargi de 440 milliards, déjà en voie d’assèchement avant d’être mis en place (reste l’obstacle slovaque), ne peut servir à cela, surtout pas quand un pays est encore en mesure d’emprunter.
Et c’est là que le bât blesse. Paris a senti passer le vent du boulet qui vient de s’abattre sur l’Espagne et l’Italie sous forme d’une nouvelle dégradation de leur note. Déjà sur la corde raide, la France perdra son triple « A » à force de solliciter les marchés. Avec à la clé une hausse des taux d’intérêts alourdissant encore la charge de la dette qui représentera en 2012 le premier poste budgétaire de l’État.
L’impact serait énorme, l’effet psychologique aussi en pleine campagne électorale : l’opinion accepterait-elle une nouvelle aide publique aux banques ?
Pour sortir de ce dilemme, Nicolas Sarkozy compte sur Angela Merkel pourtant liée par les irrédentismes de sa coalition gouvernementale. Mais peut-être y aura-t-il le traditionnel compromis «à l’européenne»: quelques belles paroles pour «étudier» le problème…
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