dimanche 9 octobre 2011
Sauver ou lâcher la Grèce
Le sort de la Grèce est entre leurs mains. Angela Merkel reçoit Nicolas Sarkozy dimanche en fin d’après-midi à Berlin avant un dîner entre chefs d’État. Il n’est plus seulement question de soutenir un pays dans l’impasse financière. Les deux dirigeants vont avoir "une discussion très politique", souligne-t-on à l’Élysée, sur le scénario d’une faillite, sur l’avenir d’Athènes dans la zone euro et les risques de contagion. Le rendez-vous de Berlin n’est que le début d’un processus, souligne-t-on dans l’entourage du Président. "Il est encore trop tôt pour prendre des décisions". Le couple franco-allemand prépare le terrain du prochain sommet européen qui se tiendra à Bruxelles les 17 et 18 octobre.
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vont-ils sauver Athènes ou la lâcher? Le président de la République défend la première option. Il souhaite que l’Europe renforce les mécanismes de soutien aux États en difficulté. Pour la chancelière la voie est beaucoup plus étroite. Elle est invitée par les siens à sanctionner les Grecs et les banques créancières. "La difficulté est de son côté. Son parlement, son opinion poussent le gouvernement à envisager des choses dangereuses pour la stabilité de la zone euro. Elle ne le souhaite pas", explique-t-on à l’Élysée.
La France et l’Allemagne s’accordent sur un point : le plan d’aide décidé en grande pompe le 21 juillet n’a pas ramené la confiance sur les marchés. Surtout, la Grèce ne redresse pas ses comptes comme promis. L’Europe reste suspendue au prochain rapport de la troïka (Union européenne, BCE et FMI) qui révélera l’ampleur des dégâts. Samedi, Nicolas Sarkozy a reçu la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, pour évoquer ces sujets. Rien n’a filtré de leur réunion.
Les deux dirigeants veulent sortir du piège. S’ils organisent un défaut de paiement de la Grèce vis-à-vis du secteur bancaire, ils risquent de faire tomber certaines banques et de replonger la zone euro dans la récession. Mais s’ils coupent les vivres à Athènes, voire sortent le pays de la zone euro, ils risquent de faire fuir d’Europe les investisseurs. Pour le même résultat à l’arrivée… "Une solution est de créer un pare-feu, un acheteur public qui reprenne les titres grecs. Cela rassurerait les marchés", argumente-t-on à Paris. Reste à en convaincre Angela Merkel…
La France et l’Allemagne vont par ailleurs accorder leurs violons sur la recapitalisation des banques. Paris et Berlin fixeront dans les prochaines semaines un calendrier et le niveau de fonds propres requis. Les établissements français seront concernés, bien qu’ils soient peu exposés à la dette grecque. Mais leur valeur a fondu en Bourse. "Il faut donner un signal pour rassurer les marchés, même si c’est un peu irrationnel", admet-on à l’Élysée.
Les banques auront mission de trouver de l’argent frais auprès d’investisseurs privés. En cas d’échec, les États ou l’Union européenne prendront des participations au capital des établissements, promet-on. Sans doute sous forme d’actions. Samedi, le Frankfurter Allgemeine Zeitung (le FAZ) affirmait que les cinq principales banques françaises accepteraient une recapitalisation de l’État de 10 à 15 milliards d’euros. Selon nos informations, la plupart des groupes bancaires européens, parmi lesquels de nombreuses banques allemandes en panne de liquidités, préféreraient un mécanisme européen, pour ne pas être stigmatisées. L’Autorité bancaire européenne (EBA) pourrait en être la tour de contrôle. Dans ce cadre, BNP Paribas serait demandeuse à hauteur de 7 milliards d’euros et la Société générale à hauteur de 3 à 4 milliards.
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