TOUT EST DIT

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jeudi 13 octobre 2011

En débat, Martine Aubry et François Hollande ont surjoué leurs différences

C'était tant attendu entre les deux finalistes de la primaire socialiste, au moment où la tension monte entre les deux camps, à l'approche du second tour. Mais au final, cette heure quarante-cinq d'émission, sur France 2 avec Le Monde et France Inter, a donné des échanges parfois techniques. Les oppositions de style, de posture politique, ont certes été plutôt plus vives que dans les débats précédents, mais elle n'ont pas vraiment fait bouger les lignes, Martine Aubry comme François Hollande restant dans le positionnement adopté depuis le début de la campagne.

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Des confrontations parfois très techniques. Faute de vrais désaccords de fond, les candidats ont poursuivi leur confrontation autour de points parfois ardus, comme la "règle d'or", ou le nombre de postes d'enseignants qu'il serait nécessaire de créer : sur ce dernier point, Martine Aubry conteste son chiffrage : "60.000 fonctionnaires, c'est bien 2,5 mds d'euros ? Donc tu mets 2,5 milliards ?...". François Hollande répond en évoquant le coût du reboublement, chiffré récemment à 2,5 milliards lui aussi. S'en suit une bataille de chiffres qui brouille l'opposition sur le thème de l'éducation, pourtant assez important à gauche.
Même chose sur la réforme des retraites que propose le PS, où à force de chercher à s'opposer, les deux adversaires en sont venus à des points accessibles seulement aux spécialistes. Martine Aubry en est venue à citer une prise de position du député de l'Ardèche Pascal Terrasse, soutien de M. Hollande, qui aurait selon elle évoqué dans une "dépêche" un passage de l'âge légal de départ à 65 ans. "Tu as dû mal comprendre", a assuré M. Hollande, tandis que le député Terrasse apportait sur le réseau Twitter un "démenti formel". Même tonalité sur les licenciements "boursiers", mesure proposée par Ségolène Royal. A ce sujet, François Hollande, que l'ex- candidate soutient désormais,  juge que "le problème de la justice, c'est qu'elle est trop tardive". "Il faut une procédure en référé", dit-il, alors que Martine Aubry évoque "la possibilité pour les salariés de saisir le tribunal de commerce", voire de "mettre sous tutelle l'entreprise". Une divergence réelle, mais qui concerne les modalités d'application d'une volonté commune.
Autre affrontement feutré : le cumul des mandats, thème que Martine Aubry martèle depuis la rentrée, fustigeant le changement de position de son adversaire sur cette question. "Moi j'ai un principe incontestable (...) je respecte les décisions de mon parti", rétorque François Hollande, en référence à la décision de l'ex-première secrétaire de reporter, sous la pression des élus PS, l'application de la règle de non-cumul votée au sein du PS à l'après 2012. Reste une petite différence : Hollande n'appliquerait la loi qu'en 2014, Aubry en 2012.
- Des oppositions de postures. Sortis des débats exigeants sur les mesures, on a vu des piques visant les styles respectifs des candidats. Résolument offensive, Martine Aubry a de nouveau attaqué son adversaire : ne parlant plus de "gauche molle", elle a toutefois estimé que "face à une droite dure, face à une crise qui dure, il faut une gauche forte". Réponse de François Hollande: "On sort de cinq ans d'une présidence brutale, et on serait une candidature sectaire ? Non, je ne le suis pas."
A la fin du débat, les deux candidats ne s'affrontaient plus sur leurs idées mais sur leurs personnes. "On a confiance en moi parce que je suis claire. François Hollande a changé de position sur certains points. (...) Le flou est la pire des choses", a lancé Martine Aubry. "Chacun a son expérience et sa clarté, ça sera mesuré par les Français dimanche", a répondu François Hollande. Les deux candidats ont eu bien du mal à promettre que chacun d'eux respecterait le vainqueur du second tour et s'unirait derrière lui.
Dans cette opposition de postures, chacun a gardé le positionnement adopté depuis le début de la campagne. Tout en l'affinant. M. Hollande a rappelé qu'il avait été "constant" et "candidat à l'âge de 26 ans" et avait remporté circonscriptions qui ne lui étaient pas offertes, une allusion au fait que Mme Aubry a succédé, à Lille, à Pierre Mauroy, figure de la gauche. Il n'a pas non plus hésité à faire allusion au congrès de Reims de 2008, suite auquel Martine Aubry avait été accusée d'avoir triché pour l'emporter face à Mme Royal.
Martine Aubry a de nouveau taclé François Hollande sur son manque d'expérience. Elle a rappelé souvent son passé de "ministre" et cité plusieurs fois, comme contact international, Poul Nyrup Rasmussen, président du parti socialiste européen, au risque de perdre le spectateur. Quand on lui a demandé si elle ferait de M. Hollande son premier ministre, elle a lâché : "Il faut avoir un premier ministre plus jeune que soi."
Des signaux vers les électeurs de Montebourg, Royal et les écologistes. Les deux opposants ont aussi utilisé toutes les occasions possibles pour lancer des appels du pied à différentes catégories d'électeurs. François Hollande a ainsi évoqué les "licenciements boursiers" chers à Ségolène Royal, ou des "débats citoyens" qui rappellent la "démocratie participative" de Ségolène Royal. Cette dernière, qui a rallié Hollande, a été saluée par les deux débatteurs.
Mais la cible principale était Arnaud Montebourg, le "troisième homme" du premier tour. Sur ses positions de prédilection - protectionnisme européen et encadrement des banques -, Martine Aubry et François Hollande ont musclé leurs positions, évoquant pour l'une les "dégâts du libre échange" et sa proposition de "juste échange", tandis que l'autre se disait favorable à "l'économie ouverte, pas l'économie offerte" et parlait de "réciprocité" dans les échanges internationaux.
>> Lire Montebourg dément avoir annoncé son soutien à Hollande
>> Lire Martine Aubry a répondu à la lettre d'Arnaud Montebourg Tous deux ont également cherché à séduire des niches électorales, les écologistes pour François Hollande, qui a parlé de "'taxe carbone aux frontières de l'UE", et les femmes pour Martine Aubry, qui s'est adressée à elles à la fin de l'émision.
Dans leur conclusion, Aubry et Hollande se sont opposés mais encore dans la lignée de la campagne  : "Si on ne change pas profondément notre système, la France sera dans le déclin, c'est cela que j'appelle la gauche forte", lançait Martine Aubry. "Il faut rassembler, rassurer, réconcilier. Trop de promesses ont été faites, il faut des actes", a rétorqué son adversaire. L'un a promis le "progrès", l'autre la "victoire".

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