TOUT EST DIT

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jeudi 13 octobre 2011

PS : la tiédeur est éternelle

Vertige de l'inutilité des foules, et illusion d'avoir fait l'histoire. Le succès de la primaire aboutit à un score de congrès, l'exacte mesure d'une éternité socialiste, à laquelle même deux millions et demi de citoyens ne pouvaient rien changer. Quand les pionniers de Terra Nova entreprenaient de convaincre la forteresse de Solférino de s'ouvrir aux primaires, ils avaient en leur besace un argument rassurant : les sympathisants voteraient comme les militants, apportant simplement le réconfort aux invariants de la maison. Nous y sommes. Regardons-la bien, cette primaire, au-delà du charisme et des larmes, des petites phrases et des commentaires, et admirons sa perfection !

Le héros Montebourg ? De toute l'histoire socialiste, les courants organisés de gauche ont pesé entre 10 et 25 % des mandats. Marceau Pivert, Zyromski, Chevènement, Dray, Mélenchon, Emmanuelli, Hamon, Montebourg, c'est le même étiage au fil des ans. Valls ? De toute l'histoire socialiste, ceux qui demandent au parti d'assumer l'aggiornamento et la pratique du pouvoir ont perdu les batailles internes. Royal ? Depuis que la social-démocratie existe, la seule vérité est celle des barons locaux, des fédérations et des élus. Suivistes et puissants à la fois, lâches ou darwiniens, peu importe, ils sont la réalité du socialisme français. Royal 2006, celle de la primaire, avait capté les barons (Hollande, Rebsamen, Mauroy, Ayrault, Collomb, etc), sidérés par son populisme, mais captivés par ses sondages ; Royal 2011 a vu son score électoral rejoindre la désaffection de ce parti réel...

Hollande est un mitigeur, Aubry une douche écossaise

Hollande et Aubry enfin ? De toute éternité, un même corps central gouverne le PS, qui se fracture parfois pour le jeu dialectique ou par tempérament. Comme il faut bien nourrir les sincérités militantes, on se colorie en rose plus ou moins vif, et on choisit des sujets divergents. Le recrutement des enseignants, ou l'assignation à résidence des médecins, ou la retraite à 60 ans sont aujourd'hui les habillages d'un affrontement sans idéologie, comme jadis la guerre Fabius-Jospin. En réalité, Aubry et Hollande sont deux jumeaux du socialisme : ENA, Mitterrand (Élysée pour Hollande, ministère du Travail pour Aubry), delorisme, jospinisme. Ils sont le fruit de toute une histoire, pas déshonorante, mais réputée insuffisante à force de tiédeur, la social-démocratie n'a rien d'autre en magasin. Cette tiédeur aimable, pour l'emporter, doit passer des compromis avec les vertueux, louvoyer et godiller. Ensuite, chacun fait selon son tempérament. C'est la vie.

Hollande se pose en gouvernant, mais s'en ira titiller la démondialisation. Aubry, la joue à gauche, s'est lestée néanmoins de strauss-kahnisme, et s'est vantée de ses compréhensions patronales. Lors du dernier débat de la primaire, la dame qui pourfend le Medef rappelait qu'elle avait été numéro trois d'un grand groupe industriel (Péchiney) ; elle aurait pu aussi se rappeler que l'élite du patronat la soutenait dans les années 90, et qu'elle était, choix politique, la préfacière du livre de Tony Blair en 1997...

Mais elle aurait pu ajouter qu'elle avait poignardé son ancien employeur, Jean Gandois, devenu patron des patrons, en lui imposant les 35 heures... Aubry est ainsi, entière dans ses contradictions, prônant alternativement le réalisme et la révolution, avec la même puissance et la même sincérité. Très brûlante, puis très froide, pour fouetter nos sangs. Hollande, lui, abhorre ces violences, pèse au trébuchet ses avancées, et pratique l'art immémorial de la synthèse. Hollande est un mitigeur, quand Aubry pratique la douche écossaise. Mais à l'arrivée, c'est la même moyenne et la même eau. C'est presque rassurant.

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