TOUT EST DIT

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jeudi 1 septembre 2011

Diplomatie française : le ressort libyen

Pour les ambassadeurs, la rentrée de septembre, c'est toujours un nouveau départ. Vers un nouveau poste, pour certains. Vers un nouveau cap pour tous les diplomates, si la politique déterminée par le Président et son ministre des Affaires étrangères l'exige. Or, en cette fin d'été, au menu de la conférence des ambassadeurs, la nouveauté est de rigueur. Elle porte un nom : le Printemps arabe.

En un an, que de changements ! En recevant, hier, les diplomates à l'Élysée, Nicolas Sarkozy a parlé d'une « année exceptionnelle ». La prétendue stabilité qui régissait nos relations avec de nombreux régimes autoritaires arabes a littéralement volé en éclat. Le monde arabe est en mouvement et un pays comme la France, par son histoire, sa culture, ses intérêts et son rôle stratégique dans cet espace, est concerné au premier chef.

On ne peut oublier, à cet égard, combien le réveil des sociétés arabes a pris de court la diplomatie française, notamment en Tunisie. Mais les événements ont connu une telle accélération, la force du mouvement a été telle que les propos tenus en janvier par Michèle Alliot-Marie à l'Assemblée nationale paraissent désormais bien loin. La guerre en Libye et l'autorité et l'estime dont jouit son successeur, Alain Juppé, auprès des diplomates, y sont aussi pour beaucoup.

À Benghazi, ce n'est pas seulement la rébellion libyenne qui a été sauvée par l'intervention internationale fortement voulue par Paris, c'est aussi l'image de la politique de la France dans le monde arabe. Le pari interventionniste de Sarkozy n'était pas sans risque, mais la chute de Kadhafi lui donne raison. Les affinités inavouables des élites françaises avec le régime Ben Ali ; son retournement de position radical vis-à-vis de Kadhafi et, à un degré moindre, le lâchage de Moubarak, qui était le coparrain choyé du lancement de l'Union pour la Méditerranée, il y a trois ans : tout cela n'est pas effacé et restera dans le bilan du quinquennat comme une succession contradictoire. Mais l'enjeu, aujourd'hui, s'est déplacé.

Le renversement des dictateurs, lancé par des révoltes classiques, ouvre une opportunité unique, longtemps inespérée, de voir les pays de la rive Sud de la Méditerranée grandir en démocratie. La France, hors jeu en janvier, ne l'est plus aujourd'hui. Le dossier libyen a, à lui seul, constitué un véritable ressort pour la politique étrangère de Sarkozy, dont il condense les grandes lignes.

Le retour, tout d'abord, d'une politique interventionniste. On en avait eu un avant-goût purement diplomatique lors de la crise géorgienne, en 2008. On l'a constaté lors de la crise ivoirienne au printemps. La Libye confirme cette tendance de la puissance moyenne qu'est la France à intervenir, de façon mesurée du point de vue militaire.

Cette prise d'initiative, dans les trois cas cités, bénéficie d'un fait majeur : le redimensionnement de la puissance américaine, volontairement en retrait depuis l'arrivée d'Obama. Cette attitude a laissé un espace politique que le président français exploite avec d'autant moins d'états d'âme que la pleine réintégration de la France au sein de l'Otan en fait un fervent atlantiste. Toutefois, le ressort libyen ne peut gommer ni les incertitudes de l'après-Kadhafi ni les divisions européennes sur cette affaire. Et l'instinct faire durablement office de vision.

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