TOUT EST DIT

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lundi 8 août 2011

Paris et Berlin se mobilisent pour contrer la crise

La France et l'Allemagne ont appelé à l'adoption avant fin septembre du plan de sauvetage de la Grèce du 21 juillet. La BCE discutait dimanche soir d'un éventuel rachat de la dette italienne et espagnole. 

L'incendie qui ravage les marchés financiers menace désormais les murs porteurs de l'économie mondiale. En retirant aux États-Unis leur note «AAA», l'agence de notation Standard & Poor's a fait basculer, vendredi soir heure américaine, la crise de la dette dans une nouvelle dimension, encore plus dramatique. Cette décision intervient en effet dans une période de tensions extrêmes : au cours des deux dernières semaines, la Bourse de New York a chuté de 10 %, enregistrant neuf séances consécutives de baisse ce qui ne s'est jamais vu depuis 1929 ! Les prémices de l'onde de choc qui devrait toucher ce lundi matin les places financières occidentales ont été ressenties dès dimanche sur les places moyen-orientales. À Tel Aviv - où les échanges ont même dû être interrompus pendant une heure -, la Bourse a abandonné plus de 7 %.
Maintenant que les États-Unis ont été dégradés, aucun autre pays noté «AAA» ne peut s'estimer complètement à l'abri à moyen terme. Quant aux pays les moins bien notés, ils risquent de voir leurs conditions de refinancement se durcir nettement. Au final, tous les gouvernements vont devoir redoubler d'efforts pour réduire leurs déficits. Quitte à sacrifier, pour certains, une croissance encore balbutiante.
Afin d'amortir l'ampleur du choc, les dirigeants de la planète ont multiplié les entretiens téléphoniques durant le week-end. Aucune réunion formelle ne s'est tenue, même si, selon les autorités sud-coréennes, une conversation au niveau du G20 a peut-être eu lieu dimanche matin après que les ministres du G7 et leurs sherpas se furent parlés dans la nuit de samedi. Dimanche, en fin de journée, Paris et Berlin ont publié un communiqué réaffirmant leur engagement à adopter, avant fin septembre, l'accord du 21 juillet sur le sauvetage de la Grèce. Ce calendrier doit rassurer les marchés qui doutent. Ils ont salué également les efforts de l'Espagne et tout particulièrement ceux de l'Italie, deux maillons faibles de la zone euro actuellement.

Somme colossale 

«Prenant acte» de la volonté des états membres d’accélérer leurs consolidations budgétaires, la Banque centrale européenne, qui a tenu dimanche soir une réunion d’urgence, a indiqué, dans la foulée, qu’elle allait mettre en œuvre son programme de rachat d’obligations «activement». La BCE est en effet, à court terme, la seule institution capable d’agir. Tant que l’accord signé le 21 juillet n’a pas été ratifié, le Fonds européen de stabilité financière n’a pas les moyens d’intervenir à l’échelle de l’ensemble de la zone. D’où le rôle pivot de la banque de Francfort, qui a tardé cependant à se lancer dans la bataille. «Lors de sa réunion, jeudi, la BCE a déçu en n'annonçant pas le rachat de la dette italienne, résume Laurence Boone, chef économiste europe de Bofa-Merrill Lynch. Mais la décision prise vendredi soir par le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, d'avancer d'un an le retour à l'équilibre budgétaire devrait satisfaire Jean-Claude Trichet et faciliter l'intervention de la BCE sur la dette italienne.» Un tel geste sera-t-il efficace ? Lorsqu'elle a volé au secours du Portugal, de la Grèce et de l'Irlande, la BCE a racheté environ 12 % de la dette de ces pays, soit 74 milliards d'euros. Avec l'Espagne et le Portugal, le stock de dette est de 2 300 milliards, ce qui signifie que la banque de Francfort devra mettre au moins 240 milliards sur la table si elle veut peser. Une somme colossale.
L'autre question qui va revenir, lancinante, tout au long de la semaine concerne la croissance. Tour à tour, la réserve fédérale américaine, puis la banque d'Angleterre doivent s'exprimer sur l'évolution récente de la conjoncture dans leurs deux pays. Elles devraient prendre acte de la multiplication des signaux de ralentissement. Quant à la zone euro, elle rentre dans la période de publication de ses chiffres de croissance au second trimestre qui s'annoncent décevants. La France est en ligne de mire. «Compte tenu du fléchissement de la consommation des ménages, la croissance a peut-être été nulle au deuxième trimestre, après la forte hausse du premier trimestre», avance Laurence Boone. De quoi accroître le pessimisme ambiant et fragiliser encore plus la zone euro.

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