TOUT EST DIT

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lundi 8 août 2011

La crise de la dette change la donne politique

Pour la majorité, l'aggravation de la situation devrait inciter les socialistes à voter la fameuse «règle d'or».  À neuf mois de la présidentielle, si la crise s'installe, elle pourrait peser sur l'élection.

Une course contre la montre. En attendant la réouverture des marchés, Nicolas Sarkozy a passé le week-end à recevoir des appels de ses homologues, via ses précieux «transmetteurs» qui, avec son aide de camp, le suivent où qu'il soit. L'objet de ces échanges tous azimuts: tenter de trouver des solutions pour calmer les marchés, inquiets du ralentissement de la croissance mondiale et d'une contagion de la crise de la dette en zone euro. Dimanche soir, le président de la République et la chancelière Angela Merkel ont publié un communiqué commun en ce sens.
Pour l'heure, seul le ministre de l'Économie, François Baroin, a rejoint Paris. Ni Nicolas Sarkozy ni François Fillon n'ont prévu de rentrer: «On change plusieurs fois par jour nos batteries de téléphone mais pour appeler Berlin ou Washington, il n'est pas nécessaire de se trouver à Paris», argue un conseiller du chef de l'État. Si nécessaire, Sarkozy «se repliera» sur le fort de Brégançon, non loin de la propriété de sa belle-famille, au Cap Nègre (Var). Mais ce n'est pas d'actualité, indique l'Élysée.

Le temps politique et le temps boursier

Si l'inquiétude devant la dégradation de la situation est réelle, elle n'empêche pas les stratèges élyséens de commencer à évaluer les conséquences politiques de cette nouvelle crise. Première préoccupation à l'Élysée: le décalage entre le temps politique et le temps boursier. «Les mesures pour sauver la Grèce le 21 juillet doivent être mises en œuvre vite mais le temps de la démocratie n'est pas celui - à la vitesse de l'éclair - des marchés, s'inquiète un conseiller. C'est un vrai sujet.» À l'UMP, certains, à l'instar du député Hervé Mariton, en appellent à une réunion du Parlement «dès le mois d'août» pour adopter de toute urgence le plan d'aide à la Grèce: «Il est surprenant que cet accord du 21 juillet ne puisse être voté à cause des… vacances!», déplore le député de la Drôme.
Deuxième sujet politique examiné à l'aune de l'aggravation de la crise: la fameuse «règle d'or», qui prévoit d'inscrire dans la Constitution l'obligation d'un retour à l'équilibre budgétaire. Pour l'exécutif, la crise change la donne: «Le président a été visionnaire en la matière, indique un conseiller. Comment peut-on être contre la “règle d'or”, dans ce nouveau contexte? Si la gauche veut continuer à aller dans le mur en klaxonnant, libre à elle. Mais les Français sauront, le moment venu, donner raison à qui de droit.» La décision de convoquer ou non le Congrès à Versailles - pour entériner cette «règle d'or» - sera prise à l'automne.

«Tout cela pèsera sur l'élection»

L'opposition a annoncé qu'elle voterait contre. Une position intenable, estime l'exécutif. «Se lier par la Constitution est la preuve ultime de notre détermination à réduire les déficits et désendetter le pays à terme, indique au Figaro la ministre du Budget, Valérie Pécresse. En refusant de voter la “règle d'or”, la gauche se voit soupçonner de ne pas vouloir prendre le risque de s'appliquer cette règle à elle-même. Son refus était injustifiable. Au regard du nouveau contexte, il l'est encore plus.» Des arguments qui laissent le PS de marbre. «La “règle d'or” n'est qu'une intention qui vaut pour l'après-présidentielle, rétorque Jean-Marc Ayrault. La crise s'aggrave: c'est maintenant qu'il faut agir, pas en 2013!»
Pour le patron des députés PS, Nicolas Sarkozy devrait profiter de l'examen du projet de loi de finances rectificative, début septembre, pour prendre des mesures destinées à rassurer les marchés, comme «la suppression des niches fiscales», ces «cadeaux fiscaux faits aux plus riches». Le coordinateur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici, ne dit pas autre chose: «La “règle d'or” est un engagement vague pour après-demain. Nous sommes en pleine tourmente financière! Le vrai débat, c'est comment on s'engage enfin sur un chemin de finances publiques qui soit crédible et juste. Je vois le piège dans lequel Sarkozy veut nous faire tomber. Mais c'est lui-même qui est dans la nasse.»
Pour le chef de l'État, la situation est de facto périlleuse, à neuf mois de la présidentielle. «L'aggravation de la crise renforce la stature d'homme d'État du président, note un conseiller élyséen. Mais si la crise s'installe, cela deviendra dangereux socialement. Et donc politiquement. Tout cela pèsera sur l'élection.»

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