TOUT EST DIT

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lundi 8 août 2011

Le problème est politique

La crise financière mondiale, qui fixe nos regards sur la réouverture des marchés ce matin, est avant tout une crise de confiance. Elle a certes des raisons économiques - le poids anormalement élevé de la dette aux États-Unis comme en Europe - mais aussi des raisons politiques. Les marchés ne croient pas, ne croient plus, à la capacité des systèmes politiques en place à trouver et à imposer les solutions nécessaires à la reprise de l'économie sur des bases saines.

Ce qui est en jeu pour l'Amérique, c'est son statut dans le monde. Pour la première fois dans son histoire, une agence de notation financière vient d'abaisser la note de sa dette. Ce qui est en jeu pour l'Europe, c'est l'existence de l'euro et donc la survie même de la construction européenne.

Mais, des deux côtés de l'Atlantique, les discours des dirigeants en place sonnent souvent creux. Aux États-Unis, Barack Obama a déçu ses partisans. Il se voulait un président sur le modèle d'Abraham Lincoln et Franklin D. Roosevelt, un homme qui « transforme » le monde dont il hérite. En réalité, contraint à des compromis permanents, il se révèle un homme de « transactions » plus que de « transformations ».

Certes, les divisions idéologiques profondes au sein de la société américaine sur le rôle de l'État ne rendent pas sa tâche aisée. Le dysfonctionnement du système politique américain, la capacité de blocage au sein du Congrès de minorités comme le « Tea Party », ne sont jamais apparus aussi évidents. Les qualités traditionnelles qui ont fait la force de l'Amérique, l'individualisme, la flexibilité, le culte de l'excellence, l'inventivité, le dynamisme se retrouvent encore au niveau des individus. Mais sont-elles toujours présentes au niveau de la collectivité ?

Les défis auxquels l'Europe est confrontée sont plus graves encore. La nature hybride de la construction européenne peut-elle survivre à la gravité de la crise sans faire l'objet, « à chaud », d'une vraie révision ? L'Amérique, elle, dispose d'un système fédéral qui lui donne un semblant d'unité. Ce n'est pas le cas de l'Europe. Aujourd'hui, « dans l'urgence », peut-elle décider de se doter d'un nécessaire ministre commun de l'Économie et des Finances et de règles de fiscalité commune ?

On sent bien la contradiction profonde entre la tentation du repli identitaire, la montée des populismes qui encouragent à voir l'Europe comme le problème et non comme la solution, et la nécessité rationnelle d'une intégration plus grande face à la crise.

Certes, les dirigeants des grandes nations européennes ont une lourde part de responsabilité dans cet état de fait. À force de choisir des personnalités en fonction de leurs « limites » plus que de leurs « mérites », pour occuper les postes clés au sein de l'Union, ils ont contribué à décrédibiliser la construction européenne. Et à force de penser la politique en termes tactiques - « Je sais ce qu'il faut faire pour mon pays, mais je ne sais pas comment être réélu si je le fais » -, c'est le concept même de démocratie qu'ils ont contribué à affaiblir.

Ainsi l'Europe souffre-t-elle d'une double crise d'incarnation et de légitimité, au moment où ses citoyens ont le plus besoin d'être rassurés et entraînés. Il n'y a pas de solution économique qui ne passe par un sursaut politique.

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