TOUT EST DIT

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lundi 29 août 2011

Kadhafi l'Africain

Un mot est subtilement glissé aux nombreux présidents et chefs de gouvernements africains présents à Nairobi, au Kenya. Désormais le Guide souhaite qu’on l’appelle « roi des rois traditionnels d’Afrique ». Une scène qui vient marquer le début de la présidence de l’Union africaine de Mouammar Kadhafi. Ainsi, il succède au président tanzanien Jakaya Kikwete à la tête de l’UA en février 2009, dix ans après la naissance de l’instance continentale sur les cendres de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Des rapports troubles marqués par des intérêts stratégiques ont été à la base de la relation entre Kadhafi et l'Union africaine.

Mouammar Kadhafi est l’un des principaux artisans de la transformation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en Union africaine (UA) en 2001. Le guide libyen s’est retourné vers l’instance continentale et l'Afrique sub-saharienne après ses échecs avec le panarabisme et son isolement en occident. Mais les liens entre Kadhafi et l’Union africaine ont débuté au symbolique sommet de Syrte, sa ville de naissance. La conférence de Syrte, à laquelle il avait convié les dirigeants africains, donne naissance à l’Union africaine qui remplace l’Organisation de l’unité africaine (OUA) le 9 septembre 1999 (9.9.99).
Un investissement politique mais aussi financier
Comme pour un nouveau converti, l’engagement de Kadhafi à la fin des années 90 pour l’OUA puis l’UA fut total. A tel point qu'un deuxième sommet de Syrte eu lieu en 2001 pour  « lancer définitivement l'Union africaine ». Pour lui, le modèle des Etats-Unis d’Amérique fait référence pour l’unité de l'Afrique. Le continent se doterait alors d’une monnaie unique et d’une force militaire commune. Objectif : protéger l’Afrique de toute ingérence venue d’occident notamment. Une ambition qui ne fait pas l'unanimité au sein des dirigeants africains.
Il faut dire que Kadhafi n’a pas toujours été en accord avec certaines orientations de la défunte OUA et de ses pairs africains. Il a soutenu des dirigeants dont la fréquentation n’était pas toujours conseillée comme Idi amin Dada (Ouganda), Robert Mugabe (Zimbabwe) mais surtout il a financé des rebellions comme celle des Touaregs au Mali et au Niger. On le soupçonne également d’avoir eu des connivences avec la secte Boko Haram dans le nord du Nigeria. Ce qui a valu des fâcheries avec beaucoup de ses collègues africains.
Une image positive auprès de la jeunesse africaine

Son engagement politique était largement soutenu par son implication dans les programmes économiques dont certains pays africains ont bénéficié. En effet grâce à la Libya Arab Africa Investment Compagny (LAAICO), il a investi dans l'hôtellerie, la banque, les télécommunications, les médias, la distribution de carburants et l'agriculture dans de nombreux pays africains. Dans le tourisme et le transport aérien  il avait remplacé la  compagnie Air Afrique, en faillite, par Afriqiyah dont le sigle est le 9.9.99, date de la naissance de l’UA.
La Gambie ouvre la voie de l'après Kadhafi
Dès le début des soulèvements à Benghazi, des manifestations de soutien ont eu lieu au Gabon, au Bénin, en Guinée Bissau. Il en était de même à Abidjan où les défenseurs de Kadhafi étaient les mêmes que ceux qui accusent l'Occident, en particulier la France, de «comploter» contre le président sortant, Laurent Gbagbo.
Les prémices de la rupture entre Kadhafi « le roi des rois traditionnels d’Afrique » et l’Union africaine sont venus d’un petit Etat enclavé à l’intérieur du Sénégal : la Gambie. Dans un communiqué, ce petit pays annonçait, le 22 avril, la reconnaissance du Conseil national de transition (CNT) comme seul organe « légitime » en Libye.
Puis suivent les « conseils » très diplomatiques donnés au colonel Kadhafi de se retirer par les présidents mauritanien, Abel Aziz, et gabonais, Ali Bongo. Ils prennent publiquement leurs distances avec leur grand soutien d'hier, Kadhafi.
Le 28 mai 2011, c’est autour du président sénégalais Abdoulaye Wade d’annoncer que son pays reconnaissait désormais le CNT. Le Sénégal rejoint ainsi le groupe des sept pays à avoir, à ce moment, reconnu le CNT. Il s’agit de la France, du Qatar, de l'Italie, de la Gambie, du Royaume-Uni, des Etats-Unis et de la Jordanie.
Le président sénégalais, dont l’activisme diplomatique n’est plus à démontrer, après avoir reçu à Dakar une délégation du CNT, décide de poursuivre son offensive diplomatique en se rendant en personne à Benghazi. Un acte fort qui sera diversement apprécié au sein de l’Union africaine.

L'embarras de l'Union africaine
L’instance continentale avait mandaté, en avril, le président sud-africain, Jacob Zuma d’entamer des négociations entre Kadhafi et la rébellion.
Une première médiation non concluante mais qui allait se poursuivre sous d’autres formes avec le 17e Sommet de l’UA qui s’ouvrait quelques semaines plus tard. L’Union africaine réunie du 30 juin au 1er juillet à Malabo, en Guinée équatoriale, décide alors d’écarter Kadhafi des négociations pour la gestion du pouvoir en Libye. L’instance continentale propose une seconde médiation dirigée par l’Afrique du Sud, le Congo, le Mali, l’Ouganda et la Mauritanie.
Cette médiation avait entre les mains un « accord-cadre » qui devait être soumis aux « parties libyennes, à savoir le gouvernement de la Jamahiriya libyenne et le Conseil national de transition ». Mais, avant même de commencer, elle constate que « son autorité était sapée » par la demande d’« une permission à l’Otan d’aller en Libye ». Leur mission en Libye n’eu aucun résultat.
L'échec était prévisible selon beaucoup d’observateurs africains qui évoquent la maladresse d’avoir confié la médiation à Jacob Zuma alors que son pays fait partie des premiers en Afrique à avoir approuvé la résolution 1973 de l’ONU autorisant les frappes de l’Otan pour affaiblir le régime de Kadhafi.

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