TOUT EST DIT

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lundi 29 août 2011

C’est pas sur la photo...

Ils s’en seraient voulus de rater ça. Clic-clac, c’est dans la boîte. Ah, elle valait le déplacement la photo souvenir. Tous côte à côte à la tribune, frères et sœurs d’une famille rassemblée : un cliché en forme de carte postale politique. Il ne manquait que la légende, comme dans les labos automatiques : «on profite à La Rochelle». Et Ségolène avec François, les ex qui se sourient, et Martine qui entonne sans pitié la comptine du parti, et Arnaud, en forme mondiale, et Manuel qui penche un peu à droite, et Jean-Michel, radicalement content. Ouf, ils ne se sont pas déchirés... Heureusement quand même qu’il y eut ce final allégorique pour qu’il aient le temps d’apparaître comme une équipe car pendant trois jours, ils avaient soigneusement évité de débattre pour nous éclairer. De leurs réunions à part à un passage à la queue-leu-leu au micro de Jean-Pierre Elkabbach, on ne retirera qu’une impression de frustration. Une absence de réponse à la double-question essentielle : qu’est-ce qui les rapproche, qu’est-ce qui les sépare ?

Au terme de ces trois jours où chacun des six prétendants à la candidature a rôdé ses arguments devant ses proches, le PS laisse derrière lui l’image d’une entreprise 2012 disparate, en construction, inaboutie. Quelques semaines après la nouvelle secousse financière qui vient de rappeler à l’Occident qu’il ne s’agit pas d’une simple crise du modèle capitaliste mais d’une mutation irréversible, les socialistes ont pratiqué l’esquive pour s’exonérer des détails sur les possibilités financières de leurs envolées. En les écoutant, on a bien compris que leurs stratégies pour définir des priorités restaient divergentes. Ce faisant, ils n’ont pas résolu le problème que leur posent clairement toutes les dernières enquêtes d’opinion : si le succès de la gauche est souhaité à une large majorité, on ne lui fait pas davantage confiance que la droite... Et si François Hollande s’affirme comme un favori de plus en plus net, il n’est pas certain que sa ligne ultra-réaliste et ouvertement européenne puisse trouver une majorité réelle au sein d’un parti qui ne veut pas renoncer à faire rêver.

La référence commune, brandie comme un talisman, c’est le projet «voté à l’unanimité» il y a quelques mois, avant les turbulences boursières estivales. Mais il ne s’agit là que d’un consensus, certes intéressant, sur des généralités. Un catalogue de propositions - comme le qualifie l’intellectuel socialiste Pierre Rosanvallon - qui est, au mieux, un socle collectif, mais pas une vision charpentée et partagée de la société. La présidentielle, c’est encore loin, d’accord mais pas si loin. Et face à un pouvoir qui, en pleine tempête, jouera la carte de l’expérience à la barre, le PS semble plus ralenti que jamais par le boulet de ces primaires tardives.

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